Après les drones, la Serbie a commandé des systèmes de défense aérienne FK-3 auprès de la Chine

La défense aérienne serbe est, à ce jour, la seule à pouvoir se vanter d’avoir abattu un avion de combat dit « furtif », en l’occurrence un F-117 « Night Hawk », durant la guerre du Kosovo, en 1999. Le système utilisé était un S-125 Neva/Perchora [code Otan : SA-3 Goa], associé à un radar 1RL131 Terek [ou P-18 « Spoon Rest »] fonctionnant sur la bande des fréquences VHF [30-300 MHz]. C’est à dire avec des matériels déjà anciens à cette époque.

Cela étant, depuis quelques années, la Serbie a entrepris de moderniser ses capacités en matière de défense aérienne. Ainsi, en 2017, deux systèmes Buk, d’origine russe, lui furent donnés par la Biélorussie [quatre avions MiG-29 d’occasion faisaient aussi partie du lot]. L’année précédente, il fut rapporté que Belgrade négociait, l’achat de quatre batteries Buk-M1 ou Buk-M2 auprès de Moscou.

Puis, en 2019, MBDA obtint un contrat pour livrer des systèmes de défense anti-aérienne à courte portée MISTRAL 3 aux aux forces serbes. Et, février, dernier, Belgrade fit savoir qu’un premier système Pantsir S1 venait de lui être livré par la Russie.

Mais la liste ne s’arrête visiblement pas là. En effet, selon le site Balkan Security Network, qui s’appuie sur le rapport annuel d’activité de la société publique YugoImport SDPR J.P., chargée de l’exportation et de l’importation [en Serbie] d’armements et d’équipements de défense, Belgrade avait passé commande de trois exemplaires du système de défense aérienne chinois FK-3, développé par la China Aerospace Science and Industrie Corporation [CASIC] et commercialisé par la China Precision Machinery Import Export Corporation [CPMIEC].

A priori, il s’agit de l’un des « plus gros contrats » d’acquisition signé l’an passé par la Serbie, probablement à l’occasion d’un déplacement du président serbe, Aleksandar Vucic, en Chine, en avril 2019.

Version « export » du système HQ-22 [une évolution du HQ-2, qui était en réalité une version chinoise du système russe S-75 Dvina / SA-2 Guideline], le FK-3 fonctionne avec un radar à antenne à balayage électronique passive [PESA]. Le lanceur est monté sur un châssis Hanyang 8×8, doté d’une cabine de contrôle, du dispositif de lancement et de 4 conteneurs pour missiles. Le tir s’effectue avec une rampe inclinée à 50°, avec un départ à chaud du missile intercepteur.

D’après un compte-rendu du ministère français des Armées du salon China AirShow 2016, à l’occasion duquel il fut présenté, le FK-3 assure la « protection des troupes et des installations contre les menaces aériennes de types avions, hélicoptères, drones, munitions guidées ou missiles de croisières. » Il est théoriquement efficace contre des cibles évoluant à 100 km de distance, à une altitude maximale de 27.000 mètres.

Peu à peu, la Chine prend une part de plus en plus importante dans l’équipement des forces serbes. Récemment, ces dernières ont reçu six drones tactiques CH-92A pouvant être armés. Et cela, dans le cadre d’un contrat de 30 millions de dollars.

Plus généralement, la Serbie est le théâtre d’une lutte d’influence entre la Russie et la Chine. Mais, malgré les liens culturels et religieux ainsi que le statut d’observateur donné à Belgrade au sein de l’Organisation du traité de sécurité collective [OTSC], c’est la seconde qui semble s’imposer, grâce à ses « investissements » ainsi qu’aux prêts [qui représentent déjà 12% de la dette extérieure du pays] qu’elle consent dans le cadre des « nouvelles routes de la soie ».

Photo : China Aerospace Science and Technology Corporation

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