La Russie se propose de fournir à la Turquie les moteurs et l’avionique du futur avion de combat TF-X

Lors du Salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, l’an passé, Turkish Aerospace a dévoilé la maquette du TF-X, un avion de 5e génération dédié aux missions de supériorité aérienne et disposant de capacités air-sol.

Sur le papier, cet appareil doit être doté d’un radar à antenne active [AESA] et pouvoir voler à la vitesse de Mach 2, à l’altitude de 55.000 pieds. Seulement, développer tel appareil sans avoir accumulé de l’expérience dans ce domaine s’avère compliqué. C’est comme si un fabricant de vélos se mettait dans la tête de vouloir produire des motos de course.

Aussi, Turkish Aerospace a cherché à nouer des partenariats, comme avec le britannique Rolls Royce, pour mettre au points les réacteurs destinés au TF-X. Seulement, les discussions n’ayant pas abouti, il est désormais question d’assembler en Turquie, sous licence, des moteurs F-110, produits par l’américain General Electric.

Seulement, la décision d’Ankara de se procurer, contre vents et marées, des systèmes russes de défense aérienne S-400 Triumph [ou SA-21 Growler] compromet toute collaboration avec des entreprises américaines. D’autant plus que, déjà, elle a valu à la Turquie d’être éjectée du programme F-35, dans lequel son industrie aéronautique y était impliquée.

En 2018, un haut responsable du consortium russe Rostec, Viktor Kladov, avait émis l’idée d’une coopération russo-turque au sujet du TF-X. « Pour un projet aussi important, les parties ne doivent pas seulement être intéressées mais aussi être prêtes à travailler ensemble. […] Bien que cela puisse être une décision sérieuse, je suis convaincu que les deux pays sont capables de mettre en œuvre un tel projet », fit-il valoir à l’époque.

Depuis, cette perche n’a pas été immédiatement saisie par le gouvernement turc. Et, plutôt qu’une coopération, Ankara a fait part de son intérêt pour l’acquisition d’avions Su-35 « Flanker E » auprès de la Russie, malgré les désaccords profonds entre les deux pays au sujet de la Syrie [et, aussi, de la Libye].

Directeur du Service fédéral russe pour la coopération militaro-technique [FSVTS], Dmitri Chougaïev, a remis sur la table la proposition de Moscou au sujet du TF-X.

S’exprimant, le 2 juin, sur la chaîne de télévision turque Ekoturk, M. Chougaïev a en effet indiqué que Moscou propose à Ankara de fournir les moteurs, l’avionique, les systèmes embarqués et la cellule du futur avion de combat turc.

« Il y a des domaines potentiellement intéressants où nous pourrions accorder notre assistance technique compte tenu de notre expérience de conception et de production d’avions modernes », a commencé par dire M. Chougaïev. « Nous avons des choses à offrir dans les domaines des moteurs – cette question a déjà été discutée -, des systèmes de commande et de contrpole, de l’ergonomie, des équipements de bord et des systèmes de survie des pilotes », a-t-il ensuite énuméré.

En tout cas, la piste d’une possible vente de l’avion de 5e génération Su-57 « Felon » pour remédier à l’expulsion de la Turquie du programme F-35 n’est pas d’actualité étant donné que, a expliqué M. Chougaïev, ce type d’appareil est réservé aux forces aérospatiales russes et que, par conséquent, il n’est pas destiné à être exporté pour le moment.

« Nos spécialistes continuent d’examiner les variantes possibles de notre coopération dans la production d’aéronefs et de systèmes de défense antimissile. Je suis sûr que le potentiel de notre collaboration ne se limite pas à ces domaines […]. Si la Turquie décide d’acquérir des Su-35, nous sommes prêts à organiser des consultations avec nos collègues », a encore fait valoir le responsable russe.

Reste à voir ce que fera la Turquie de cette proposition, qui, si elle l’accepte, ne fera que l’éloigner davantage de l’Otan, dont elle est membre depuis 1952.

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