Le Commissariat des Armées se met en ordre de marche en vue de soutenir un engagement opérationnel majeur

« La dernière décennie que nous venons de vivre a vu les équilibres stratégiques, politiques, économiques, technologiques, énergétiques et militaires, largement remis en cause et nous voyons aujourd’hui poindre à nouveau ce qui pourrait mettre à mal la paix acquise après tant de drames sur notre continent », a souligné le président Macron, lors du discours qu’il a prononcé le 7 février sur la stratégie de défense et de dissuasion.

Et d’insister : « L’idée même d’un ordre multilatéral fondé sur le droit, où le recours à la force est régulé, où les engagements sont respectés, où les droits créent des obligations qui s’appliquent à tous, cette idée-là est profondément remise en cause aujourd’hui. »

Ces propos font écho à ceux tenus par le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], lors de ses dernières auditions parlementaires. « Les types de conflits qui se présentent à nous nous font nous interroger sur la nécessité de reconstruire une armée de guerre », avait-il par exemple affirmé devant les députés de la commission des Affaires étrangères, en novembre 2019.

Or, pour « reconstruire une armée de guerre », il ne suffit pas de revoir à la hausse les contrats opérationnels et d’accroître les capacités devant permettre de faire face à un engagement majeur. L’intendance – ou le soutien, comme on dit aujourd’hui – doit suivre. D’où le plan d’action que vient d’adopter le Service du commissariat des Armées [SCA].

« Il faut aller plus loin dans notre effort collectif : le SCA doit être prêt à renforcer sa capacité en cas d’engagement majeur [qui décrit de 30 000 à 50 000 hommes] et à poursuivre ses activités sur le territoire national dans un contexte très dégradé », lit-on en effet dans le numéro 12 de « Soutenir« , le magazine du Commissariat des Armées.

Pour cela, le directeur central du Commissariat des armées, le commissaire général hors classe Stéphane Piat, a signé un ordre d’opération relatif au « durcissement militaire du service », lequel insiste sur « l’organisation du service en vue de son engagement opérationnel », la « préparation opérationnelle du personnel SCA » et les « ressources capacitaires du service ».

« Afin d’être en mesure de faire la guerre au même niveau d’intensité que les armées et d’assurer la résilience du soutien sur le territoire national y compris face aux nouvelles menaces, je veux m’assurer que le niveau capacitaire pour chaque domaine d’action du SCA et chaque niveau de mise en œuvre considéré répond à cette double exigence d’ici la fin de la LPM [Loi de programmation militaire] », a insisté le directeur du SCA dans son ordre d’opération.

Lors de ses voeux, en janvier, le commissaire général hors classe Stéphane Piat, a réaffirmé la nécessité du « durcissement militaire du Service, véritable outil de résilience de notre Nation », en disant qu’il y accorderait une « importance majeure » en 2020, au même titre que la mise en oeuvre du projet de service SCA22, qui vise à moderniser et à simplifier le soutien et l’administration.

Durant les deux prochaines années, le SCA devra trouver des solutions « en face de chacune des 35 mesures issues des retours d’expérience des points de situation opérationnelle ». Ce qui passera par une révision de ses processus logistiques, le renforcement de la culture des opérations, la consolidation du suivi des « ressources sensibles », la création de détachements capacitaires d’alerte, etc.

« Chacun a un rôle à jouer : la direction centrale du SCA, les centres interarmées du soutien ainsi que l’ensemble des organismes du service, jusqu’au niveau local. Et pour repenser tous ces standards, le SCA ne travaillera pas de manière isolée : l’état-major des armées et la direction de la protection des installations, moyens et activités de la Défense seront par exemple au nombre de ses partenaires privilégiés », explique le magazine Soutenir.

En outre, les personnels civils et militaires du SCA sont invités à « s’emparer » de cette notion de durcissement et à ne pas se reposer sur les acquis. Il « appartient à chacun […] de ne pas se contenter de bien faire ce qu’il fait aujourd’hui », souligne le service. « Le durcissement doit permettre à chacun de se projeter au-delà de sa situation quotidienne et de poser un mode de fonctionnement optimal dans un contexte dégradé », insiste-t-il.

Photo : SCA

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