Le secrétaire général de l’Otan est d’accord pour une contribution accrue des Alliés au Moyen-Orient

NATO Secretary General Jens Stoltenberg and the President of the
United States of America, Donald Trump

Lors de son allocution prononcée après des tirs de missiles iraniens contre deux bases irakiennes abritant des forces de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, le président Trump a fait part de son intention de demander à l’Otan de « s’impliquer beaucoup plus dans le processus au Moyen-Orient », tout en faisant remarquer que, désormais, cette région était devenue moins stratégique pour les États-Unis étant donné que ces derniers sont désormais les « premiers producteurs de pétrole et de gaz naturel dans le monde ».

Ces dernières années, et après quelques tergiversations entre les Alliés, l’Otan a contribué à la coalition anti-jihadiste en engageant des avions de surveillance aérienne E-3A Sentry de sa Force aéroportée de détection lointaine et de contrôle [NAEW&C]. Avant cette décision, elle avait lancé la mission « Active Fence » afin de protéger le territoire turc d’éventuels tirs de missiles balistiques depuis la Syrie.

En juillet 2018, l’Otan a également mis sur pied, à la demande de Bagdad, une mission « non combattante » visant à former les forces irakiennes, notamment dans les domaine de la lutte contre les engins explosifs improvisés, la planification civilo-militaire, la médecine et la maintenance des véhicules blindés. Actuellement, ces activités sont suspendues, en raison des tensions avec l’Iran et les milices chiites irakiennes.

Pour rappel, entre 2004 et 2011, l’Otan avait déjà envoyé en Irak des instructeurs, dans le cadre de la « Nato Training Mission – Iraq » [NTM-I], laquelle avait permis de former 15.000 officiers irakiens. Et, en 2011, l’Alliance décida d’accorder à Bagdad le statut de partenaire et de mettre en place un « programme individuel de partenariat et de coopération. »

En outre, l’Otan a déjà d’autres partenariats avec certains pays du Moyen-Orient [Bahreïn, Koweït, Qatar et Émirats arabes unis], noués lors du lancement de l’Initiative de coopération d’Istanbul [ICI], en 2004.

Mais visiblement, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, estime qu’il est souhaitable que les Alliés en fassent plus. Le 8 janvier, lors d’un entretien téléphonique avec le président Trump, il a en effet convenu que l’Alliance pourrait « contribuer davantage » au Moyen-Orient.

En effet, selon un communiqué publié par l’Otan, MM. Trump et Stoltenberg se sont accordés sur le fait que les Alliés « pourraient contribuer davantage à la stabilité régionale. » Et le texte d’ajouter qu’ils « ont également décidé de rester en contact étroit sur cette question. »

Reste à voir, au regard des divergences qui existent entre-eux, ce que les Alliés en diront… Ainis, les pays d’Europe de l’Est s’intéressent peu au Moyen-Orient dans la mesure où ils s’estiment davantage menacés par la Russie. Par exemple, la Pologne avait lié sa participation [modeste] à la coalition anti-jihadiste à la promesse d’une présence permanente de l’Otan sur son territoire. Et Varsovie avait même affirmé, en 2016, que la Russie était « plus menaçante » que l’État islamique…

« Trump a peu de crédibilité pour demander à l’Otan d’en faire plus, après avoir critiqué l’organisation pendant des années », a par ailleurs estimé Erik Brattberg, le directeur du programme « Europe » du Carnegie Endowment for International Peace, dans les colonnes de Defense News. En outre, a-t-il continué, « lors du récent sommet de l’Otan à Londres, les dirigeants de l’Alliance ont clairement indiqué que leur objectif principal était de dissuader la Russie, et non de se déployer au Moyen-Orient. »

Qui plus est, « le cavalier seul de M. Trump face à l’Oran et la récente escalade signifient que les Européens sont encore moins susceptibles de vouloir s’impliquer militairement au Moyen-Orient. Si Trump se retire d’Irak ou de Syrie, il sera pratiquement impossible pour les Européens de garder des troupes dans ces endroits », a encore estimé M. Brattberg.

Cela étant, tout dépendra ce que l’administration américaine entend par une implication accrue de l’Otan au Moyen-Orient. En clair, quels en seraient les objectifs? Et s’agira-t-il pour les Alliés d’adopter une ligne dure à l’égard de l’Iran? Sur ce point, les propos de M. Trump au sujet de la fin de l’accord sur le programme nucléaire iranien donne un indice. De même quand il a soutenu que l’Iran devait changer de comportement en demandant « au monde civilisé » de lui « envoyer un message fort et unifié ».

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