Alors dernier survivant de l’épopée du Normandie-Niémen en Russie, le sergent-chef André Peyronie nous a quittés
Après le décès, en février 2017, du colonel Gaël Taburet, un pilote qui comptait 5 victoires homologuées à l’issue de son engagement au sein du Groupe de chasse « Normandie-Niémen », en 1945, le sergent-chef mécanicien André Peyronie était le dernier survivant à avoir connu l’épopée de cette unité française en Russie. Il vient de nous quitter à l’âge de 99 ans, dans la nuit du 9 au 10 décembre. L’annonce de son décès a été faite par Geneviève Darrieussecq, la secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées.
Né le 8 mai 1920 à Albi, dans un milieu modeste, André Peyronie se destine à devenir forgeron quand, n’ayant pas encore 19 ans, il décide de s’engager au sein de l’armée de l’Air pour une durée de cinq ans. Après un passage à l’école de Rochefort, il obtient son brevet de mécanicien avion ainsi que ses galons de caporal-chef en novembre 1939. Il est affecté au Bataillon de l’Air n° 106 de Bordeaux, puis à la base de Salon-de-Provence, où il ne tarde pas à être promu sergent.
Lors de la campagne de France [mai-juin 1940], il est affecté à la base de Châteauroux, où il sabote des avions français pour éviter de les voir tomber aux mains de l’ennemi. Puis, en novembre 1940, alors toujours sous les drapeaux, il est affecté au Levant, où les forces restées fidèles à Vichy ne tarderont pas à affronter les Français Libres.
En 1941, les troupes vichystes ayant été défaites, le sergent Peyronie s’engage dans les Forces aériennes françaises libres [FAFL]. Très peu, parmi ses camarades, en feront autant. Le 31 août, il est affecté au Groupe de chasse « Alsace », qui s’apprête alors à participer à la campagne de Libye sous les ordres du commandant Joseph Pouliquen, bientôt appelé à former le Groupe de chasse « Normandie », lequel doit rejoindre la Russie.
Promu sergent-chef, André Peyronie sera de cette aventure. À partir de mars 1943, il est désigné pour être le mécanicien du lieutenant Marcel Lefèvre, qui obtiendra 11 victoires homologuées avec son Yak n°14, surnommé « Père Magloire », avant de perdre la vie en juin 1944.
Mais André Peyronie n’aura pas assisté à la fin tragique qu lieutenant Lefèvre puisqu’il avait quitté la Russie en août 1943 pour retrouver le Levant, avant d’être affecté au Groupe de chasse « Ardennes », avec lequel il participera à la campagne d’Afrique du Nord et aux combats de la Libération.
André Peyronie s’est éteint.
Il était le dernier survivant du régiment Normandie-Niemen, fondé par le Général de Gaulle en 1942 pour combattre sur le front de l’Est.
Toutes mes pensées vont à la famille et aux proches de cet homme qui s’est battu pour notre liberté et notre 🇫🇷. pic.twitter.com/hIcqUeaE7K— Geneviève Darrieussecq (@gdarrieussecq) December 14, 2019
Après la capitulation allemande, le sous-officier sert un temps en Allemagne, avant d’être démobilisé en octobre 1945. Rendu à la vie civile, il entame alors une carrière dans l’immobilier. Un activité qu’il exercera jusqu’à sa retraite.
Cet ancien mécanicien du « Neu-Neu » s’était vu remettre la croix de chevalier de la Légion d’Honneur le 8 mai 2015, des mains du commandant du Régiment de chasse 2/30 « Normandie Niémen ». Il était notamment titulaire de la Médaille militaire, de la croix du combattant volontaire 1939-1945, de la médaille d’Outre-Mer [agrafe « Libye »], la médaille commémorative des services militaires dans la France libre et de plusieurs décorations soviétiques.
Un guerrier !
Saluts chef!
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C’est pas pour faire mon prof d’histoire-géo marxiste (vous savez, celui avec la pipe, la barbe, l’écharpe et la veste en velours côtelé (je suis pas comme ça, je suis un capitaliste avec des actions dassault et dorcel)), mais on disait pas u-r-s-s à l’époque?
Souçis d’exactitude…
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Bon, à la fin ok c’est des russes, ça marche aussi.
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Saluts chef!
Vous avez raison en géographie on n’est jamais trop précis, comme en histoire d’ailleurs ! Mais Laurent Lagneau a raison : le S/C André Peyronie a servi en Russie, république de l’URSS et a quitté l’escadrille Normandie avant qu’elle ne s’illustre dans la bataille de Biélorussie ( opération Bagration ) la plus grande défaite de l’armée allemande au moins sur ce front de l’Est, pour laquelle l’escadrille devint le régiment Normandie-Niemen… On comprend la juste modestie de notre mécanicien avion acceptant sa dernière distinction étrangère de l’ambassadeur Biélorusse seulement au nom de son unité et de ses camarades disparus, s’il n’a pas participé à cette bataille de l’été 1944 concernant la libération de ce pays. Le Niemen ( nom polonais du fleuve ) est un grand fleuve naissant au centre du pays biélorusse, et s’écoulant à l’ouest vers la Lituanie, traversant ce pays, avant de séparer son territoire de l’enclave russe de Kaliningrad…
Et bien je vous remercie pour ces précises précisions!
Le dernier témoin,une part d’Histoire qui s’en va.
un brave
RIP
bravo monsieur et merci !
Entièrement d’accord, et, sans aucune polémique, tout comme les Américains qui rendent hommage à La Fayette à Picpus, tous les 4 juillet, les Russes déposent des bouquets, dans le carré Français de Lefortovo, à Moscou, en hommage au NN.
https://ru.ambafrance.org/Commemorations-du-11-novembre-Jour-du-Souvenir
https://www.vududroit.com/2015/05/le-carre-des-oublies/
Les citoyens sont souvent bien plus respectueux que leurs élus du moment.
Une idée de WE pour certains? Respirez, je plaisante.
Il aurait probablement été dérangeant de préciser qu’il était en URSS ? , le mot  » Russie  » habilement utilisé ici, permettant de ne pas dire l’horrible vérité, et « Russie » étant une simple dénomination géographie d’une région de l’affreuse URSS ..Le diable se cache souvent dans les détails, et il révèle beaucoup de choses.
Mais au fond, ce qui compte, c’est que ces héros français aient écrit une de plus belles pages de notre aviation militaire. Nous ne les oublierons jamais .
@ Le Glaive,
Le général de Gaulle parlait de « Russie soviétique »
C’est géographiquement dans la République de Russie (une des républiques de l’URSS) que André Peyronie s’est battu.
@Le Glaive
Franchement , est-ce que c’ est si important ?
Perso , dès lors qu’ il s’ agit de parler de la période du XXème siècle entre la fin du Tsarisme et la première présidence de 1991 , je me simplifie l’ existence et emploie systématiquement la terminologie URSS ( du moins à partir de fin 1922 ) mais bon tout comme il ne saurait y avoir d’ OTAN sans les USA , quelle URSS pouvait-il y avoir sans la Russie ?
Le Soviet , c’ est la Russie , c’ est Petrograd la capitale de l’ époque Nicolas II ………..
La désignation Russie Soviétique ne paraît donc pas inexacte ou farfelue .
Bref , essayons de raison garder ; je sais bien que nous sommes en hiver et qu’ il est bon de se réchauffer mais ne nous enflammons pas pour autant ………….
Hommage vibrant à nos authentiques héros!
Si les soviétiques du 18e GvIAP le régiment « frère » *ont combattu tout aussi bien, sinon mieux, faut-il rappeler qu’ils n’avaient guère le choix. Nos aviateurs à nous, auraient très bien pu rester les « doigts de pied en éventail » en attendant que ça se passe.
Ils ne l’ont pas fait et, dieu sait si à l’époque le choix n’était pas évident…
*Les français n’ont jamais été assez nombreux pour former un régiment aérien complet. Ils ont dû fusionner…
Il semble que les soviétiques ont veillé aussi à limiter la participation française : réticence initiale et discussions prolongées sur sa forme, renvoi des mécaniciens dès août 43 ( André Peyronie n’est pas un cas unique sur ce plan ) sous le prétexte d’un déficit de formation, et aussi refus de leur demande de promotion en pilotes. Il faut cesser un peu avec la flagellation perpétuelle…
En français on dit « retarder » sciemment et non d’ailleurs, mais pas « limiter ». Les soviétiques s’attendaient à recevoir un deuxième régiment de chasse et un autre de bombardement. Sans parler de la division blindée…
Parmi les petites histoires, les mécanos français ne faisaient pas vraiment l’affaire dans l’ensemble*, notamment en raison des conditions de travail franchement frustes…
* L’ensemble ne concerne pas spécialement notre vétéran.
Mais bon, l’aventure fut quand-même belle.
Ces hommes ont vécu des événements extraordinaires.
http://www.paxaquitania.fr/2019/12/le-dernier-veteran-du-normandie-niemen.html
Un grand Bravo a ce Monsieur, ce héros de la France libre ! toutes mes condoléances a sa famille et ses proches.
Ce qui me turlupine c’est l’attribution tardive de la Légion d’Honneur en 2015. C’est bien trop long comme délai d’attribution et limite au vu de l’âge de ce valeureux soldat.
Et oui… Il et courant de récompenser les braves parce qu’ils sont devenus vieux. Il est rare que les vrai héros se pavanent sitôt leur faits d’armes faits, et l’ambiance du moment s’y prête peu souvent. Combien de temps ont été vilipendés dans la société les soldats ayant fait l’Indochine? Ou ayant défendu l’Algérie tant qu’elle était française?
Le temps (et les travaux de journalistes et d’historiens) permet la réflexion. Il permet aussi la comparaison, et le tri entre le bon grain et l’ivraie.
Et puis que feraient les présidents après De Gaulle s’il n’y avait pas tant de chrysanthèmes à inaugurer?
J’espère que vous pardonnerez la pointe d’aigreur et/ou de mauvaise foi.
je résume, mais l’histoire est superbe
En mr glevarec (réside toujours à l’Isle Adam), se présente sur la BA d’Orange pour passer des tests psychotechniques et s’engager dans l’AA. Il est accompagné de ses parents. Après qu’un sergent de garde et un CC chargé des couleurs aient traité le drapeau français de serpillière, père et fils se déchaînent et mettent KO sergent, CC et des appelés qui passaient par là . Survient le cdt de base, qui dans la mélée générale reconnaît le père qui était mécano au NeuNeu alors que lui y était pilote. Bilan 45 et 30 jours d’arrêt pour le sgt et le CC, tests brillament réussis (en 5 mn) par Glevarec junior qui a fait par la suite une belle carrière dans l’AA et un repas mémorable. J’ai résumé et Glevarec junior vous en dirait beaucoup plus. Il est toujours sur l’Isle Adam
Un immense respect pour ces héros de l’ombre. Le Neu-Neu, quelle unité et quelle aventure …. Une épopée. Merci.
Je me joins à vous !
Un autre « grand ancien » vient de nous quitter , un de plus …………..
Repose en paix l’ ancien. Toute mon admiration pour avoir oeuvré dans ce préstigieux escadron qu’ est le « neu neu ». Sincères condoléances à toute sa famille.