Militaires tués au Mali : Le général Burkhard fait part de la « peine immense » causée par des caricatures de Charlie Hebdo

L’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen précise que « la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. » Et, aussi, parfois par le bon goût, le tact et la décence [pris dans le sens de la dignité dans l’expression]. Mais cela est affaire de conscience.

On sait que l’hebdomadaire Charlie Hebdo a toujours affiché un penchant anti-militariste et qu’il caricature à l’envi les religions. Ce qui, d’ailleurs, lui a valu d’être pris pour cible par des jihadistes, le 7 janvier 2015. Aussi, quand l’un de ses auteurs publie des dessins satiriques associant le décès de 13 militaires français au Mali avec la campagne de recrutement de l’armée de Terre, on peut penser qu’il s’agit là d’une provocation malvenue, même si l’on défend bec et ongles la liberté d’expression. Il y a un temps pour tout et pour toutes choses…

D’ailleurs, le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT] est monté au créneau. Ce qui est un fait très rare, si ce n’est inédit, pour dénoncer la nature de ces dessins. Sa réaction s’est faite en deux temps. Le 29 novembre, il a publié un message via Twitter pour faire part de sa « profonde indignation et incompréhension à la vue de ce dessin de Charles Hebdo » [représentant le président Macron devant un cercueil recouvert du drapeai tricolore avec la mention « j’ai rejoint les rangs pour sortir du lot »]. « Mes pensées vont d’abord aux familles de tous les soldats morts au combat pour défendre nos libertés », a-t-il ajouté.

Puis, ce 30 novembre, le général Burkhard a diffusé, toujours via les réseaux sociaux, une lettre ouverte à Riss, le directeur de la rédaction de Charlie Hebdo.

« Treize familles françaises sont en deuil depuis l’accident tragique survenu en plein combat dans le Nord-Mali dans la soirée du lundi 25 novembre. […] Pourtant, le temps du deuil de ces familles a été sali par des caricatures terriblement outrageantes dont votre journal a assuré la diffusion. Si l’indignation m’a d’abord gagné, c’est surtout une peine immense qui m’envahit en pensant au nouveau chagrin que vous infligez à ces familles déjà dans la souffrance », écrit le général Burkhard.

« Qu’avons-nous donc fait, soldats de l’armée de Terre, pour mériter un tel mépris? Qu’ai-je manqué moi-même, chef d’état-major de l’armée de Terre, dans l’explication du sens profond de notre engagement, pour qu’avec une telle désinvolture soient raillés ceux qui ont donné leur vie afin que soient justement défendues nos libertés fondamentales? », demande ensuite le CEMAT à la rédaction de l’hebdomadaire satirique.

« Les soldats de l’armée de Terre sont au service de tous les Français, de tous ceux qui croient au souverain bien qu’est notre liberté. Ils chérissent profondément la paix qu’ils souhaitent à leurs compatriotes. Ils la chérissent tant qu’ils ont choisi de tout risquer pour la défendre, jusqu’au sacrifice de leur propre vie. Nous leur devons le respect. Nous devons la compassion à leurs familles », fait ensuite valoir le général Burkhard.

Pour autant, le CEMAT ne cherche pas la polémique… seulement à faire comprendre que le journal a dépassé les limites de la convenance. Rappelant qu’un hommage national sera rendu le 2 décembre à ces 13 militaires morts pour la France dans la cour des Invalides, il a ainsi invité, « avec sincerité et humilité », le directeur de Charlie Hebdo, à se « joindre à nous ce jour-là, pour leur témoigner vous aussi, qui avez souffert dans votre chair de l’idéologie et de la terreur, la reconnaissance qu’ils méritent. »

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