Pour le secrétaire général de l’Otan, « l’Union européenne ne peut pas défendre l’Europe »

 

Alors que l’Otan a été décrite comme étant dans un état de « mort cérébrale » par le président Macron, son secrétaire général, le norvégion Jens Stoltenberg en appelé à l’unité au sein de l’Alliance, à l’occasion d’un discours prononcé devant la Fondation Körber, à Berlin, le 7 novembre.

« L’Otan est la seule plate-forme où les alliés d’Europe et d’Amérique du Nord discutent quotidiennement de questions difficiles affectant la sécurité de presque un milliard de citoyens », a ainsi rappelé M. Stoltenberg. « Le consensus n’est pas toujours facile […] Mais notre unité est essentielle pour notre sécurité partagée. Et il est dans l’intérêt national de chacun d’entre nous de rester unis. C’est bon pour l’Amérique du Nord comme pour l’Europe », a-t-il ajouté.

« Par conséquent, nous avons tous la responsabilité de surmonter nos différences aujourd’hui, comme nous l’avons fait par le passé. Parce que nous sommes confrontés à un monde plus imprévisible. Et en période d’incertitude, nous devons rester unis. Nous avons besoin d’institutions multilatérales fortes comme l’Otan », a encore insisté l’ex-Premier ministre norvégien.

Reste que le commentaire de M. Macron au sujet de la « mort cérébrale » de l’Otan portait justement sur les divergences constatées sur le dossier syrien.

« J’ai compris qu’une puissance de l’Otan décidait d’attaquer ceux qui ont été les partenaires de la coalition internationale sur le terrain pour se battre contre Daesh. […] Donc, je considère que ce qu’il s’est passé depuis plusieurs jours est une faute lourde de l’Occident et de l’Otan dans la région », avait en effet estimé le président français.

« Le président Trump […] pose la question de l’Otan comme un projet commercial. Selon lui c’est un projet où les États-Unis assurent une forme d’ombrelle géopolitique, mais en contrepartie, il faut qu’il y ait une exclusivité commerciale, c’est un motif pour acheter américain. La France n’a pas signé pour ça », a ensuite affirmé M. Macron dans un entretien accordé à The Economist.

Et il avait appelé l’Europe [comprendre : l’Union européenne] à se doter d’une « autonomie stratégique et capacitaire sur le plan militaire ». Faute quoi, elle risquerait de disparaître.

Sur ce point, M. Stoltenberg a rappelé un chiffre : quand le Royaume-Uni aura enfin accepté les conditions de sortie de l’Union européenne [Brexit], « 80% des dépenses de défense de l’Otan proviendront d’alliés non membres de l’UE. »

Évidemment, les États-Unis représentent la plus grande part de ces dépenses, avec 70%. Viennent ensuite la Turquie, la Norvège, le Canada, l’Islande l’Albanie et le Monténégro [ces deux derniers sont candidats à l’adhésion à l’UE mais leurs dépenses militaires sont très faibles]. Ces pays seront donc rejoint par la Grande-Bretagne.

En outre, certains de ces pays qui n’appartiennent pas à l’UE ont une position géographique stratégique. « De la Norvège au nord à la Turquie au sud, en passant par les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni à l’ouest : tous sont essentiels pour assurer la sécurité de l’Europe », a relevé M. Stoltenberg.

« L’unité européenne ne peut remplacer l’unité transatlantique », a estimé le secrétaire général. « Je me félicite vivement des efforts visant à renforcer la défense européenne et de tout ce qui peut améliorer les capacités et le partage de la charge au sein de l’Otan. Mais l’Union européenne ne peut pas défendre l’Europe », a-t-il estimé.

« Je dis tout cela en sachant que nombre d’entre vous pensez peut-être aux désaccords, aux différences et aux divisions entre les alliés de l’Otan. Sur le commerce, l’énergie, le changement climatique, l’Iran. Et plus récemment sur la situation dans le nord-est de la Syrie. De la crise de Suez en 1956, à la guerre en Irak en 2003, nous avons eu de graves différends avant. Mais en fin de compte, nous avons toujours été en mesure de nous unir autour de notre tâche essentielle. Se protéger et se défendre », a conclu M. Stoltenberg.

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