L’US Air Force a envoyé un avion espion U-2 « Dragon Lady » au Royaume-Uni

Le 25 septembre, via un très court communiqué, l’US Air Force a annoncé qu’un avion espion U-2 « Dragon Lady » de la 9e Escadre de reconnaissance, installée à Beale [Californie] venait de traverser l’Atlantique pour se poser sur la base de Fairford, en Angleterre.

Ce déploiement d’un U-2 au Royaume-Uni avait en réalité été indirectement annoncé en août dernier. En effet, et cela avait étonné les médias américains spécialisés à l’époque étant donné que ce type d »avion espion avait déjà été déployé en Angleterre, l’US Air Force était alors confrontée à un souci administratif pour acheminer en Europe deux nouvelles voitures de poursuite [des Dodge en l’occurrence]… dans la mesure où elles n’avaient pas encore reçu leur certification pour pouvoir être embarquées à bord d’un avion de transport.

Or, faire atterrir un U-2 est un exercice très délicat car, doté de deux trains d’atterrissage en tandem, cet avion n’offre qu’une visibilité réduite à son pilote. D’où le recours à une voiture de poursuite pour guider ce dernier, au moment où il doit maintenir son appareil à quelques mètres au-dessus de la piste en tenant compte des vents latéraux.

Quoi qu’il en soit, l’US Air Force a précisé laconiquement que la mission de cet avion U-2 est de « fournir des capacités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance ». Et d’ajouter que « le déploiement de ressources ISR [renseignement, surveillance et reconnaissance] sur le théâtre européen témoigne de l’engagement des États-Unis envers leurs alliés et partenaires de la région. »

Mis en service vers la fin des années 1950, le U-2 fait partie de ces avions ayant marqué l’histoire de l’aviation militaire. Pouvant voler à 70.000 pieds d’altitude, il est bardé de capteurs [électro-optique, infrarouge, radar à synthèse d’ouverture, caméra très haute résolution, etc]. Un temps menacé par l’arrivée du drone de type RQ-4 Global Hawk, il a finalement été maintenu en service pour la bonne raison qu’il n’est pas dépendant d’une liaison satellite pour fonctionner… La qualité de ses senseurs et sa capacité à les utiliser tous à la fois auront été des arguments ayant aussi joué en sa faveur.

Reste à voir où cet U-2 déployé par l’US Air Force ira collecter du renseignement. Si l’on se fie aux missions réalisées par les bombardiers américains B-2 « Spirit », qui viennent de quitter la base de Fairford, la région du Grand Nord pourrait être un domaine d’intérêt. De même que celle de la Baltique, où les capacités d’interdiction et de déni d’accès déployées par la Russie à Kaliningrad, suscitent évidemment un intérêt. Même chose dans le secteur de la mer Noire, et, plus largement, dans celui du Donbass [sud-est de l’Ukraine].

Cela étant, par le passé, des U-2 ont espionné… la France, et en particulier son programme nucléaire. Et cela, au moins jusque dans les années 1990. D’ailleurs, en mars 1996, le vol d’un de ses appareils, dont trois étaient alors basés à Istres pour des missions dans les Balkans, avait passablement énervé les autorités françaises, l’avion ayant survolé, à très haute altitude [et donc hors de portée des Mirage 2000], le centre du Commissariat à l’énergie atomique [CEA] de Valduc, la base aérienne de Dijon ainsi que les installations de Nexter [Giat à l’époque] à Roanne. L’US Air Force avait expliqué qu’il s’était agi pour le pilote de consommer ses réserves de pétrole pour se poser plus léger…

Par ailleurs, outre l’envoi de ce U-2 en Angleterre, l’US Air Force a a également annoncé le déploiement en Allemagne d’un E-8 JSTARS [Joint Surveillance Target Attack Radar System], qui est un avion de guerre électronique et de renseignement. De quoi donc compléter les capacités offertes par le « Dragon Lady ».

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