Contre les menaces asymétriques, la Marine nationale songe à armer ses frégates avec des Missiles Moyenne Portée

L’attaque menée le 12 octobre 2000 par al-Qaïda avec une embarcation légère pleine d’explosifs contre le destroyer américain USS Cole, commis à Aden [Yémen] a fait prendre conscience de l’importance des menaces dites asymétriques contre les navires. Deux ans plus tard, le pétrolier Limbourg sera victime du même mode opératoire dans les eaux yéménites.

Depuis, les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, ont amélioré le procédé en mettant au point des embarcations chargées d’explosifs et dirigée à distance. Une frégate saoudienne en fit les frais, en janvier 2017, alors qu’elle naviguait au large du port d’Hodeida.

« Nous pouvons être attaqués par des drones maritimes de surface. Cela se produit assez régulièrement au nord du détroit de Bab-el-Mandeb dans le sud de la mer Rouge. C’est le fait de la rébellion houtie, qui communique régulièrement sur le sujet, et qui cible avec une efficacité impressionnante les bateaux des pays contre lesquels elle est engagée au Yémen. Cette menace est donc bien réelle », avait ainsi souligné l’amiral Christophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors d’une audition parlementaire.

Les frégates françaises sont dotées de toute une panoplie de systèmes d’armes pour se protéger des menaces navales et aériennes. Les frégates multimission [FREMM], par exemple, disposent de missiles anti-navire Exocet [qui seront remplacés, à terme, par un nouvelle munition développé dans le cadre du programme franco-britannique FMAN/FMC], de tubes lance-torpille et d’une tourelle de 76 mm. A terme, elles diposeront d’hélicoptères équipés du missile « Anti-navire léger » [ANL]. Pour les menaces asymétriques, elles peuvent utiliser 2 canons de 20 mm et 4 mitrailleuses de 12,7 mm.

Pour autant, la Marine nationale envisage d’aller encore plus loin en dotant ses frégates [FREMM, Horizon et futures FDI] de la version navale du Missile Moyenne Portée [MMP], initialement développé par MBDA pour l’armée de Terre. Cette information a été révélée par le site Naval News à l’occasion du salon DSEI 2019 et confirmée par Mer & Marine, qui précise qu’il s’agit de « disposer, à moindres frais, d’un système offrant  ‘un pouvoir d’arrêt’ pour neutraliser des menaces asymétriques, à commencer par des embarcations suicides ».

Ainsi, une étude de faisabilité devrait être menée en 2020 afin de voir comment le MMP pourrait être intégré à bord des frégates françaises. Il s’agira de préciser les conditions dans lesquelles ce missile peut-être tiré [état de la mer, mouvement du navire, vitesse, etc].

Après une expérimentation concluante du MMP à bord des embarcations ECUME des commandos Marine à Djibouti, MBDA avait annoncé, en 2018, une version navale de son missile. Ce dernier pourrait être tiré depuis une tourelle stabilisée dotée de « quatre munitions prêtes au tir dans des conteneurs lanceurs assurant la protection des missiles contre les environnements marins », avait expliqué l’industriel. Et de préciser que la tourelle en question pourrait être commandée via une console dédiée ou depuis le poste « opérations » du navire [voir photo ci-dessus].

A priori, la Marine nationale n’entend pas installer une telle tourelle et sa console sur ses frégates, l’idée étant de monter des lanceurs portables du MMP sur les affuts des mitrailleuses de 12,7mm. Cette solution serait économique tout en offrant une grande flexibilité d’emploi.

Pour rappel, doté d’une d’une charge militaire polyvalente et d’un autodirecteur bi-bande visible/infrarouge non refroidi lui donnant la capacité de toucher avec une très grande précision des cibles chaudes ou froides situées à 4/5 km de distance, le MMP fait appel à plusieurs technologies, dont la charge multi-effets, la liaison de données haute performance par fibre optique, le traitement d’image, les interfaces homme-machine, etc.

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