La Défense belge se dote d’une équipe de « transition » pour « démêler certaines situations spécifiques »

Les réductions budgéaires qui ont affecté la Défense belge au cours de ces dernières années ne sont pas étrangères aux problèmes que les militaires d’outre-Quiévrain doivent affronter aujourd’hui.

Ainsi, acquis à 620 exemplaires en 2007 auprès de l’industriel italien Iveco, le Véhicule Tactique Léger Multirôles [VTLM] Lynx donne actuellement quelques soucis à l’état-major belge. En effet, un contrôle de routine de ces blindés a permis de découvrir que certains d’entre-eux [ceux de type RPK et SPS] présentaient des fissures au niveau de leur châssis.

Aussi, par souci de sécurité, la Défense belge a décidé de retirer temporairement du service 120 de ces véhicules afin de pouvoir les démonter et les passer au peigne fin, c’est à dire qu’ils feront l’objet d’un examen réalisé avec scanner RX.

« La sécurité passe avant tout et nous ne voulons pas prendre de risques inutiles », a fait valoir la Direction générale des ressources matérielle. « 29 véhicules de ce type participent à des opérations et exercices à l’étranger. De plus, il y a 26 véhicules utilisés pour la sécurité de nos bases aériennes nationales. Ils ont également été mis hors service et seront inspectés dès que possible », a précisé l’état-major belge.

Les véhicules concernés sont ceux qui ont reçu un blindage et armement supplémentaires. Et leur problème viendrait de là. C’est ce qu’a expliqué le syndicat militaire ACPM-CGPM à la RTBF.

« À l’origine, ce sont des véhicules légers. L’armée les a équipés elle-même à Rocourt, elle a posé des plaques de blindage. Mais ils ne sont pas conçus pour un tel blindage et un tel équipement. C’est une surcharge trop importante. Donc ils ont toujours posé problème, par exemple avec les freins ou encore car ils dépassaient les limites en matière de bruit. C’est du bricolage et c’est symptomatique du manque de moyens de l’armée », a en effet développé Yves Huwart, le président d’ACPM-CGPM.

Le Maintien en condition opérationnelle [MCO] des Lynx a toujours été un casse-tête pour les militaires belges, notamment en raison de difficultés au niveau de l’approvisionnement en pièces détachées. Cela étant, il est prévu de les remplacer bientôt, la Défense belge ayant émis une « demande d’informations » [RFI] pour 440 véhicules de « commandement et de liaison » de la classe de 7 tonnes.

Ce problème affectant les Lynx fait suite à celui découvert en mai, également lors d’une vérification de routine, sur dix chars Pionnier et poseur de pont ainsi que sur 40% des véhicules blindés Piranha et Pandur. En cause : le système d’extinction d’incendie.

Ce dernier est activé automatiquement par des cartouches ayant une durée de vie de dix ans en stockage et de cinq ans lorsqu’elles sont intégrées au véhicule. « Dans le cadre de sa gestion permanente des risques, la Défense effectue des inspections régulières. Au cours d’une telle inspection de routine, il a été constaté, plus tôt que prévu, que les cartouches d’un lot de 2011 ne répondaient plus aux normes exigées. Il existe donc un risque que le système d’extinction ne soit pas activé ou qu’il soit activé avec un certain retard si nécessaire », avaot expliqué l’état-major belge à l’époque.

Reste que, en plus de ces problèmes matériels, la Défense belge doit faire face à une situation rendue encore plus compliquée avec ses soucis dans le domaine des ressources humaines. En effet, plus de 10.000 militaires et civils quitteront ses rangs dans les cinq ans à venir. Or, avec un recrutement qui peine en plus à suivre, il y a un risque réel de perte de compétences et d’expérience, à l’heure où de nouveaux équipements seront mis en service prochainement [véhicules SCORPION, F-35A, capacité navale de lutte contre les mines, drones, etc].

D’où la décision de mettre en place une « Transition Team » [équipe de transition], qui sera chargée de « démêler certaines situations spécifiques et formuler des propositions afin d’assurer à court et moyen terme la continuité du département. » Et d’expliquer que « chercher un juste équilibre dans cette situation extraordinaire dépasse le quotidien des états-majors et demande une approche spécifique. »

La Défense belge justifie cette mesure par le risque d’une « diminution du rendement opérationnel ». Rendement qu’elle veillera « toutefois à maintenir » dans la mesure de ses possibilités et en « tenant compte de certaines limitations. »

Selon le quotidien « La Libre Belgique », le général Marc Thys, l’actuel chef de la composante « Terre », est pressenti pour occuper cette fonction de « manager de crise ». La semaine passée, cet officier avait prévenu, selon le quotidien De Morgen, que le paiement des soldes des militaires était menacé cause d’un « manque de personnel ».

« Une crise organisationnelle et existentielle, voilà ce que l’on peut dire si le paiement des salaires est mis en danger. […] Le service responsable du paiement des salaires est en sous-effectif. […] Payer les salaires à temps ne se fait pas mensuellement à travers une intervention divine et nécessite donc des personnes », s’était emporté le général Thys. Apparemment, si sa nomination à la tête de cette « équipe de transition » est confirmée, il ne manquera pas de travail.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]