Le Liban va se procurer du matériel militaire français pour protéger ses ressources gazières

Les fonds de la Méditerranée orientale regorgent de gaz naturel, ce qui, d’ailleurs, ne fait que renforcer les tensions entre les pays riverains, comme c’est actuellement le cas entre Nicosie et Ankara [et par extension, avec l’Union européenne]. Et cela pourrait aller de même entre le Liban et Israël, dans la mesure où ces deux pays ont un litige au sujet de leur frontière maritime…

En février 2018, le Liban a signé un premier contrat d’exploration offshore concernant les blocs n°4 et n°9 à un consortium emmené par le français Total et comprenant l’Italien Eni et le Russe Novatek.

Le souci est que l’un de ces blocs – le n°9 – se trouve en partie [860 kilomètres carrés] dans une zone revendiquée par Israël. D’où les tensions entre les deux pays. Évidemment, le Hezbollah, la milice chiite soutenue par l’Iran, s’est déjà dit prêt à livrer la « guerre du gaz », d’autant plus qu’il dispose de missiles susceptibles d’atteindre les plateformes offshore israélienne. Or, c’est à l’armée libanaise que doit revenir la mission de protéger les sites gaziers du Pays du Cèdre…

D’où la lettre d’intention signée ce 20 septembre à Paris par Saad Hariri, le Premier ministre libanais, en vue d’acquérir des équipements militaires français afin de « sécuriser » ses ressources en gaz naturel.

Reçu à l’Élysée par le président Macron, M. Hariri a expliqué que ce matériel militaire permettra au Liban de « renforcer » ses « capacités de défense et de sécurité »; Et d’ajouter : « La plus grande part servira d’ailleurs à renforcer nos forces navales et à nous doter de capacité d’aéromobilité maritime. C’est un investissement incontournable dans la sécurité de nos champs gaziers et pétroliers en mer. » Ce qui suppose que cette lettre d’intention porte sur l’achat d’au moins un navire et d’hélicoptères.

Cette lettre d’intention fait partie des « suites opérationnelles aux engagements que nous avons pris ensemble à Rome en mars 2018 pour la fourniture d’équipements à l’armée libanaise », a ensuite expliqué Emmanuel Macron, qui se rendra à Beyrouth en 2020, à l’occasion du centenaire de l’État du Liban.

Quant au montant de la commande envisagée par le Liban, elle s’élevera à 400 millions d’euros. Soit le montant du prêt qui avait été consenti par Paris en mars 2018, lors de la « Conférence économique pour le développement du Liban par les réformes et avec les entreprises. »

« Lors de la conférence de Rome, il y a eu un soutien de l’armée libanaise. Nous avons un programme d’environ un milliard de dollars pour équiper l’armée. Si nous voulons dépenser ce montant nous-même, on devra payer environ 14 ou 15% d’intérêts pour nous armer en navires dont nous avons besoin, car nous travaillons sur la question de l’exploitation pétrolière et gazière maritime et nous devons donc protéger ces industries. Nous négocions actuellement avec l’État français la manière d’obtenir ce prêt sur une période de 10 ou 15 ans afin d’acheter ces navires », a ensuite précisé M. Hariri.

A priori, la marine libanaise serait très intéressée par le Patrouilleur Antilles-Guyane [PAG], conçu et produit par le duo Mauric et Socarenam. C’est en effet ce qu’avaient confié deux officiers généraux libanais en juin dernier, lors du baptême, à Saint-Malo, de La Combattante, le 3e PAG destiné à la Marine nationale.

Cela étant, le 27 mai, le ministre israélien de l’Énergie, Youval Steinitz, avait dit vouloir régler le différend territorial avec le Liban. « Nous acceptons d’entamer des discussions bilatérales avec la médiation des États-Unis pour mettre un terme au litige frontalier maritime pour le bien et les intérêts des deux pays dans le développement des ressources de gaz naturel et de pétrole », avait-il dit, via un communiqué.

Photo : Marine nationale

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