Marine nationale : Les frégates multimissions auront une capacité de « veille coopérative navale » à partir de 2021

Lors de son déplacement à Lorient, le 25 juin, à l’occasion du lancement de la frégate multimissions [FREMM] « Normandie », la ministre des Armées, Florence Parly a souligné « l’agilité » du programme dont ce type de navire est issu dans la mesure où il permet ‘l’intégration continue et progressive de nouvelles innovations. »

Tel est en effet le cas de la FREMM « Normandie », qui par rapport aux cinq autres frégates qui l’ont précédée, disposera de deux lanceurs Sylver A50 qui lui permettront de tirer des missiles surface-air Aster 15 et Aster 30, le second ayant une portée accrue par rapport au premier.

« Le système de combat de la FREMM Normandie […] qui sera prochainement livrée à la Marine nationale bénéficie ainsi des dernières avancées techniques du programme. À la pointe de la cyberdéfense, dotée du missile Aster 30, tout dernier atout de la lutte anti-aérienne et d’une interopérabilité inédite pour les liaisons de données tactiques », cette frégate est « parée à relever les nouveaux défis opérationnels qui nous attendent », a ainsi souligné Mme Parly. « Et toute cette avance, nous sommes décidés à la conserver », a-t-elle assuré.

D’où l’annonce faite par la ministre au sujet de l’évolution prévue des FREMM. Ainsi, à l’horizon 2021, ces navires « bénéficieront de la capacité de veille coopérative navale [VCN], laquelle consiste à « mutualiser les données de l’ensemble des radars d’une force. » Ce « sera un véritable atout de supériorité informationnelle pour la Marine nationale, capable en un coup d’œil de prendre conscience de son environnement direct », a fait valoir Mme Parly.

Dans un contexte marqué par un « durcissement » des menaces, qui plus est « diversifiées », les navires de la Marine nationale doivent s’adapter. Et cela passe par un effort particulier dans trois domaines, décrits par Éric Papin, le directeur de l’innovation chez Naval Group, dans les colonnes de la Revue de la Défense nationale [RDN].

En premier lieu, il s’agit de renforcer la » capacité à durer à mer ». Il s’agit de faire en sorte que le navire soit capable de naviguer et de mener ses missions « dans les conditions les plus sévères, loin, longtemps, en préservant les capacités de l’équipage. »

Autre nécessité : garantir la « supériorité de l’engagement », ce qui passe par l’avantage acoustique/électromagnétique, des armes toujours plus performantes et la capacité de leurrer et de contrer l’adversaire.

Enfin, et grâce à « l’hyperconnectivité », le dernier axe porte sur le combat collaboratif, ce qui suppose de disposer de systèmes permettant de recueillir l’information provenant de toutes les sources disponibles, de la traiter et de l’analyser le plus rapidement possible tout en s’assurant de prendre les décisions qui s’imposent.

S’agissant de la capacité de « veille coopérative navale » dont seront dotées les FREMM, elle consistera à « mettre en œuvre, de manière coordonnée, les senseurs et les effecteurs au profit des performances au combat de la force aéromaritime », explique Éric Papin.

« La tenue de situation multiplateformes [radars] et le multi-statisme en lutte sous-marine [sonars] seront les premières capacités embarquées permettant une veille coopérative navale », poursuit le responsable de Naval Group.

« L’information sera recueillie et traitée au niveau d’un navire armé et au niveau de la force aéromaritime par les systèmes de management de combat pour exploiter au mieux les informations disponibles au sein de la flotte, mais aussi celles des sources ouvertes [trafic maritime, réseaux sociaux…] et fournir une situation tactique partagée et prédictive », détaille-t-il.

Enfin, « des drones organiques et non-organiques [drones aériens, drones de surface et drones sous-marins] avec une autonomie décisionnelle croissante seront mis en œuvre pour étendre les capacités de la force aéromaritime et la préserver des risques en menant des tâches automatisées de renseignement, d’identification et de surveillance, et en produisant les effets militaires souhaités dans des zones d’accès difficile », conclut M. Papin.

Photo : Naval Group

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