Chars Abrams, missiles TOW, Javelin et Stinger… Taïwan s’apprête à faire son marché aux États-Unis

À en croire un récent rapport du Pentagone sur les capacités de l’Armée populaire de libération [APL], une éventuelle opération amphibie chinoise contre Taïwan serait loin d’être imminente, même si la République populaire de Chine affirme régulièrement qu’elle ne renoncerait pas recourir à la force si nécessaire pour que l’ex-Formose revienne dans son giron.

Cela étant, et comme on n’est jamais à l’abri d’une [mauvaise] surprise, les autorités taïwanaises ont confirmé, ce 6 juin, une information de l’agence Reuters selon laquelle elles envisageraient de passer une commande de plus de 2 milliards de dollars auprès des États-Unis pour doter leurs forces armées de missiles et de chars de combat.

Actuellement, l’armée de la République de Chine [RoCA] met en oeuvre plusieurs centaines de chars « Patton » [M60A3 TTS et M-48, appelés « CM-11 Brave Tiger »], équipés, pour certains, de la même conduite de tir et de contrôle des M1 Abrams américains.

Pour les remplacer, Taïwan entend ainsi commander 108 chars M1A2 Abrams, dont les exemplaires en dotation au sein de l’US Army sont en cours de modernisation. La liste de voeux du ministère taïwanais de la Défense ne s’arrête pas là puisqu’il est aussi question d’acquérir 1.649 missiles anti-char [1.240 Javelin et 409 Tow] ainsi que 250 Stinger, c’est à dire des missiles anti-aériens de type MANPADS [Man-portable air-defense systems].

Le traitement de cette commande par Washington « suit son cours normalement », a souligné le ministère taïwanais de la Défense. Ce qui veut dire que la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], l’agence chargé des exportations américaines d’équipements militaires, devrait prochainement publier un avis recommandant au Congrès d’accepter cette vente, en précisant qu’il s’agira ainsi de « contribuer à la politique étrangère et à la sécurité nationale des États-Unis en aidant à améliorer les capacités de sécurité et de défense du destinataire, qui a toujours été et qui reste une force importante de stabilité politique, d’équilibre militaire et de progrès économique dans la région. »

Si le président Obama était plutôt prudent à l’égard des ventes d’armes à Taïwan, tel n’est pas le cas de Donald Trump, son successeur. D’ailleurs, peu avant son entrée à la Maison Blanche, il avait semblé remettre en cause le principe d’une « seule Chine », ce qui lui avait valu les foudres de Pékin.

Depuis, l’administration du président Trump a pris plusieurs mesures en faveur de Taïwan, comme par exemple le rétablissement des visites portuaires mutuelles entre les forces navales américaines et taïwanaises, en songeant à apporter une aide pour développer des sous-marins ou encore en autorisant, déjà, plusieurs autres ventes d’armes à Taipeh. En outre, des navires de l’US Navy traversent régulièrement le détroit de Formose, ce qui donne lieu, là encore, à de fermes protestations de la part de Pékin.

Évidemment, et alors qu’une guerre commerciale l’oppise actuellement aux États-Unis, la Chine n’a pas manqué d’exprimer ses « sérieuses préoccupations » après l’annonce faite par Taïwan.

« Nous avons demandé à de multiples reprises aux États-Unis de bien prendre conscience de la nature extrêmement sensible et nocive de leur décision de vendre des armes à Taïwan, et de respecter le principe d’une seule Chine », a affirmé Geng Shuang, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Lors du Shangri-la Dialogue, un forum sur la défense en Asie organisé tous les ans à Singapour, le ministre chinois de la Défense, Wei Fenghe, s’est montré inflexible au sujet de Taïwan.

« La Chine doit être et sera réunifiée. Nous ne trouvons aucune excuse pour ne pas le faire. Si quelqu’un ose séparer Taiwan de la Chine, l’armée chinoise n’aura d’autre choix que de se battre à tout prix pour l’unité nationale. […] Toute sous-estimation de la détermination et de la volonté de l’APL est extrêmement dangereuse. Nous nous efforcerons de réaliser les perspectives de réunification pacifique avec la plus grande sincérité et les plus grands efforts, mais nous ne promettons pas de renoncer à l’usage de la force. La sauvegarde de l’unité nationale est un devoir sacré de l’APL », a en effet déclaré M. Wei.

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