Encore en hausse, les dépenses militaires mondiales ont représenté 239 dollars par personne en 2018

Depuis 1989, année à partir de laquelle l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm [SIPRI] a commencé à tenir les comptes, jamais les dépenses militaires mondiales n’avaient un tel niveau. Ainsi, en 2018, ces derniers se sont élevée à 1.822 milliards de dollars, soit une progression de +2,6% sur un an. Et, visiblement, cette tendance s’accélère car la hausse constatée en 2017 n’était « que » de 1,1% en 2017.

D’après le SIPRI [.pdf], les dépenses militaires mondiales ont représenté, en 2018, 2,1 % du produit intérieur brut [PIB] mondial, soit 239 dollars par personne.

Mais encore faut-il s’entendre sur le périmètre de ces dépenses militaires. Pour son rapport, le SIPRI précise qu’il tient compte de  » toutes les dépenses publiques actuelles pour les forces armées et les activités militaires, y compris les salaires et les avantages sociaux, les frais de fonctionnement, les achats de matériels militaires et d’armes, les infrastructures militaires, la recherche et développement, l’administration centrale, le commandement et le soutien ».

Aussi, le classement des pays selon leurs dépenses militaires établi par le SIPRI n’est pas le même que celui, par exemple, qui figure dans le rapport annuel de l’Otan.

Ainsi, selon les critères retenus par l’institut suédois, la France arrive en tête des pays de l’Union européenne en matière de dépenses militaires, avec un total de 63,8 milliards de dollars, loin devant le Royaume-Uni [50 milliards] et l’Allemagne [49,5 milliards].

En outre, la France fait partie du « top 5 » des pays qui dépensent le plus dans le domaine militaire, derrière les États-Unis, la Chine, l’Arabie Saudite et l’Inde. Viennent ensuite la Russie [61,4 milliards de dollars], le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Japon [46,6 milliards] et la Corée du Sud [43,1 milliards].

Cela étant, la hausse constatée par le SIPRI est largement due aux États-Unis et la Chine, ces deux pays concentrant eux deux « la moitié des dépenses militaire mondiales. »

S’agissant des États-Unis, l’étude relèvent que ses budgets militaires ont progressé, pour la première fois depuis 2010, de 4,6%, pour atteindre les 649 milliards de dollars, soit « presque autant que l’ensemble des huit pays les plus dépensiers qui
les talonnent dans le classement. »

« L’augmentation des dépenses des États-Unis est imputable à la mise en œuvre dès 2017 de nouveaux programmes d’achat d’armement sous l’administration Trump », explique Aude Fleurant, directrice du programme Armes et Dépenses militaires [AMEX] du SIPRI.

En 2018, la Chine a augmenté ses dépenses militaires de 5% alors que Pékin avait officiellement annoncé une hausse de 8,1% en mars de cette année-là. Mais telle n’est pas la seule divergence : selon le SIPRI, le budget de l’Armée populaire de libération [APL] s’éleverait à 250 milliards de dollars, soit presque 80 milliards de plus par rapport au montant avancé par les autorités chinoises.

Et cela fait que la Chine dépense dix fois plus pour son appareil militaire qu’en 1994. « L’augmentation des dépenses militaires chinoises va de pair avec la croissance économique globale du pays. Depuis 2013, la Chine alloue chaque année 1,9 % de son PIB aux forces armées », souligne Dr Nan Tian, chercheur programme AMEX.

Quant à la Russie, le SIPRI relève que ses dépenses militaires ont reculé 3,5 % par rapport à 2017 pour tomber à 61,4 milliards de dollars.

Dans le même temps, celles des pays de l’Otan ont atteint 963 milliards de dollars, principalement du fait des États-Unis. Cela étant, plusieurs Alliés ont augmenté significativement leur effort de défense, comme la Pologne [+8,9%], la Bulgarie, la Roumanie, la Lituanie et la Lettonie. Mais la plus forte hausse a été constatée en Turquie [+24%, ce qui porte le budget militaire turc à 19 milliards de dollars]. Or Otan, l’Ukraine est dans la même logique [+21%, à 4,8 milliards de dollars].

Par ailleurs, les dépenses militaires en Amérique du Sud sont reparties à la hausse [+3,1%], essentiellement en raison de l’augmentation de l’effort de défense brésilien [+5,1%].

En revanche, pour la quatrième année consécutive, les budgets militaires des pays africains diminuent [-8,4%], avec de fortes baisses constatées en Algérie [-6,1%], en Angola [-18%] et, surtout, au Soudan [-49%]. Et, les pays du Moyen-Orient sont également moins dépensiers car, selon les données disponibles, leur effort de défense a diminué de 1,9% en 2018. Et c’est surtout vrai pour les forces saoudiennes, qui ont vu leurs ressources baisser de 4,6 milliards de dollars.

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