Des églises et des hôtels de luxe visés par des attentats coordonnés au Sri Lanka

Depuis 2009 et la fin de la rébellion des Tigres de libération de l’Îlam tamoul [LTTE], le Sri Lanka n’avait plus connu d’attentats. Cependant, une note du ministère français des Affaires étrangères relative à ce pays n’avait pas écarté l’éventualité de nouvelles attaques terroristes. « Le risque de reprise d’actes violents ne peut toutefois être écarté et des tensions ethniques et/ou religieuses sont perceptibles dans l’ensemble du pays, en dépit de la politique de réconciliation menée par le gouvernement », indiquait ce document.

Cette note avait malheureusement vu juste. En effet, en ce 21 avril, des attentats coordonnés commis contre quatre hôtels de luxe et trois églises où était célébrée la messe de Pâques ont fait au moins 158 tués et plus de 400 blessés. Et ce bilan est encore provisoire.

Dans un premier temps, à Colombo, les hôtels de Cinnamon Grand, de Shangri-La et de Kingsbury ainsi que l’église Saint-Antoine ont simultanément été dévastés par de fortes explosions. Dans le même temps, deux autres églises – celles de Negombo et de Batticaloa [est] ont également été visées.

Puis deux autres explosions se sont produites un peu plus tard : l’une dans un hôtel de Dehiwala [banlieue sud de Colombo], l’autre dans un lieu non précisé d’Orugodawatta [banlieue nord].

Le président sri-lankais, Maithripala Sirisena, a immédiatement ordonné le déploiement de l’armée dans la capitale et la mise en place d’une unité spéciale pour enquêter sur ces attentats.

Comme l’indique le Quai d’Orsay, le Sri Lanka fait face à des tensions inter-religieuses. Sur les 22 millions d’habitants que compte le pays, 70% se disent bouddhistes tandis que 12,6% se réclament de l’hindouisme. Enfin, 9,7% sont musulmans et 7,6% ont une foi chrétienne [catholique ou protestante]. En 2018, l’état d’urgence avait d’ailleurs été instauré après des heurts entre bouddhistes et musulmans.

Quoi qu’il en soit, les attentats en ce jour de Pâques visent spécifiquement les catholiques et les étrangers. Et leur coordination suggère qu’ils ont fait l’objet d’une minutieuse planification, ce qui laisse à penser que l’organisation terroriste qui en est à l’origine dispose de moyens importants et/ou de membres expérimentés. Pour le moment, ces attaques n’ont pas été revendiquées.

Cela étant, un fait survenu en début d’année peut donner un piste. Ainsi, le 18 janvier, la police sri-lankaise avait indiqué avoir saisi 100 kg d’explosifs – du C4 – ainsi que des détonateurs suite à l’arrestation de quatre membes d’un « nouveau groupe islamiste radical ». Cette saisie avait été réalisée dans le cadre d’une enquête sur des attaques contre des statues de Bouddha.

« L’information que nous avons pour le moment est qu’un groupe local radicalisé de musulmans est derrière les explosifs saisis », avait confié un responsable de la police sri lankaise à l’AFP. « Nous essayons de voir s’ils ont des liens avec des extrémistes à l’étranger », avait-il ajouté.

Puis, le 11 avril, chef de la police, Pujith Jayasundara, aurait été alerté par un service de renseignement étranger que le NTJ [National Thowheeth Jama’ath], une organisation islamiste, « envisageait de commettre des attentats-suicides contre des églises importantes et le Haute commission indienne à Colombo. »

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]