Des mercenaires russes envoyés au Venezuela pour assurer la protection de M. Maduro

Réélu à la tête du Venezuela en mai 2018 dans des conditions discutables [parce que sans opposants] et dans un contexte marqué par une crise économique épouvantable ayant contraint 2,3 millions de ses compatriotes à l’exode, Nicolas Maduro a vu son autorité contestée, par Juan Guaido, le chef de file de l’opposition vénézuélienne.

Cet ingénieur de formation, âgé de 35 ans, s’est en effet autoproclamé « président par intérim » le 23 janvier, à l’occasion du 61e anniversaire de la chute de la dictature de Marcos Perez Jimenez. Deux jours plus tôt, des militaires de la Garde nationale bolivarienne avaient été arrêtés après avoir lancé un appel à l’insurrection contre le régime de M. Maduro.

Les États-Unis ont immédiatement reconnu M. Guaido comme président du Venezuela. Ils ont par la suite été suivis par plusieurs pays d’Amérique latine, dont certains ont été destabilisés par l’afflux d’émigrés vénézuéliens. En Europe, la France et le Royaume-Uni ne sont pas allés jusque là, même s’ils ont affiché leur soutien au chef de l’opposition vénézuéliennes. Cependant, l’Union européenne considère le nouveau mandat de Maduro comme illégitime et travaille à une « déclaration commune » appelant à la convocation rapide de nouvelles élections.

En revanche, les pays ayant noué des liens étroits avec le Venezuela au cours de ces dernières années, comme la Russie, la Chine et la Turquie, ont dénoncé la proclamation de M. Guaido, y voyant un coup de force et le fruit d’ingérences étrangères [comprendre : américaines].

La Russie, en particulier, aurait beaucoup à perdre dans le cas où le régime « chaviste » venait à s’écrouler, dans la mesure où elle est le 2e investisseur étranger au Venezuela [derrière la Chine, ndlr] et qu’elle y a renforcé sa coopération militaire, avec, dit-on, l’idée de pouvoir disposer d’une base dur l’île de La Orchila, située à 2.000 kilomètres des États-Unis.

D’où la fermeté de Moscou dans cette affaire. Le 25 janvier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a encore prévenu que son pays s’opposerait à la « politique destructrice » des États-Unis et dénoncé les « appels au coup d’État » lancés par Washington.

Cela étant, plusieurs sources ont fait état de l’arrivée récente au Venezuela de mercenaires russes afin de renforcer la sécurité du président Maduro. Si ce dernier peut se prévaloir du soutien officiel des forces armées, il n’en reste pas moins que les militaires vénézuéliens ne sont pas unanimes, la mutinerie du 21 janvier en étant l’exemple.

D’après le site russe Lenta.ru, qui cite Evguéni Chabaïev, le chef d’un groupe paramilitaire cosaque, les mercenaires russes ont été envoyé par deux « vols charters » à La Havane [Cuba] avant d’être redirigés vers Caracas, où ils seraient arrivés le 22 janvier. Soit 24 heures avant la déclaration de Juan Guaido et après la mutinerie de soldats de Garde nationale bolivarienne.

« On a appris qu’un complot militaire avait été découvert dans le cercle restreint de Maduro. Il était donc nécessaire de remplacer sa sécurité personnelle par des personnes loyales », écrit Lenta.ru. Et, d’après le chef cosaque, 400 mercenaires seraient désormais présents au Venezuela.

Mais selon une source proche de la société militaire privée « Wagner », citée cette fois-ci par l’agence Reuters, des mercenaires russes avaient déjà été envoyés à Caracas à l’occasion de l’élection présidentielle de mai 2018.

Bien qu’officiellement interdites par la loi russe, Moscou a régulièrement recours aux sociétés militaires privées pour intervenir officieusement dans certaines zones de conflit. Tel est le cas du groupe Wagner, fondé par un ancien du GRU [renseignement militaire] et financé par l’homme d’affaires Evguéni Prigojine, un proche du Kremlin.

En attendant, le cas du Venezuela sera évoqué, à la demande des États-Unis, par le Conseil de sécurité des Nations unies, ce 26 janvier.

D’après l’ONG Observatorio Venezolano de Conflictividad Social, les manifestations de ces quatre derniers jours ont fait 26 tués. Et plus de 350 personnes ont été interpellées, dont « 320 pour la seule journée du 23 janvier », a précisé Michelle Bachelet, Haut commissaire aux droits de l’homme de l’ONU.

Pour rappel, les États-Unis ont prévenu que « toutes les options étaient sur la table » en cas de « recours à la force » par le régime de M. Maduro pour réduire l’opposition.

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