Syrie : Le président Trump parle maintenant d’un retrait mené à un « rythme adapté » et de façon « prudente »

Lors d’un discours prononcé dans l’Ohio, en mars 2018, le président américain, Donald Trump, avait annoncé qu’il déciderait « très prochainement » d’un retrait militaire de Syrie. Puis, le temps de la surprise passée [y compris au sein même de son administration], les choses se tassèrent. Et il n’en fut plus question.

Puis, le 19 décembre, M. Trump a donc remis la question d’un retrait de Syrie sur le tapis, en s’attribuant les mérites de la « victoire » sur l’État islamique [EI ou Daesh]. « Nous avons gagné contre ISIS [Daesh] il est temps de rentrer. Nos garçons, nos jeunes femmes, nos hommes, ils rentrent tous, et ils rentrent tous maintenant », a-t-il lancé, via Twitter.

Cette décision n’a pas manqué de susciter de nombreuses critiques dans la mesure où l’organisation jihadiste n’est pas encore totalement vaincue, qu’elle place les Forces démocratiques syriennes [FDS, alliance arabo-kurde] à la merci d’une nouvelle offensive turque et qu’elle laisse le champ libre à l’Iran en Syrie. D’où la démission de James Mattis, le chef du Pentagone, lequel a par ailleurs dû avaler beaucoup de couleuvres depuis son entrée en fonction…

Cela étant, le scénario auquel on avait eu droit au printemps 2018 risque fort de se répéter à nouveau. Depuis l’annonce de M. Trump, des responsables de son administration ont laissé l’impression que ce retrait de Syrie ne serait pas aussi rapide qu’attendu.

D’abord, la semaine passée, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a refusé de donner un calendrier précis pour ce désengagement américain de Syrie. Et de souligner « l’importance de faire en sorte que les Turcs ne massacrent pas les Kurdes » tout en assurant « la protection des minorités religieuses en Syrie. »

Puis, le 6 janvier, John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, a donné les conditions pour que le retrait de Syrie puisse se faire. Et comme elles seront compliquées à réunir, on peut penser que ce désengagement voulu par le chef de la Maison Blanche n’est pas près d’arriver.

« Nous allons discuter de la décision du président Donald Trump sur le retrait, mais il faut faire cela […] de telle sorte que Daesh soit défait […] et que la défense d’Israël et que celle d’autres amis dans la région soit absolument assurée », a en effet affirmé M. Bolton. En outre, a-t-il aussi avancé, il n’est pas question pour les États-Unis que les « alliés kurdes dans la lutte contre l’EI fassent l’objet d’une offensive turque planifiée ».

« Nous ne pensons pas que les Turcs doivent entreprendre une action militaire qui ne soit pas entièrement coordonnée et acceptée par les États-Unis », a déclaré M. Bolton.

Plus tôt, le conseiller de M. Trump avait soulevé un autre point : celui de l’usage d’armes chimiques.  »

« Il n’y a absolument aucun changement dans la position des États-Unis concernant l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien et absolument aucun changement dans notre position consistant à répliquer avec la plus grande fermeté face à tout recours à des armes chimiques, ce que nous avons déjà fait à deux reprises », avait-il assuré.

Le président Trump s’est-il rangé à ces arguments? Le 31 décembre, après avoir rencontré le sénateur (républicain) Lindsey Graham, il s’est dit prêt « à ralentir » le rythme du retrait de Syrie. Une semaine plus tard, encore via Twitter, il a évoqué un désengagement devant se faire à « rythme adapté. »

« Nous quitterons [la Syrie] à un rythme adapté tout en continuant en même temps à combattre l’EI et à faire ce qui est prudent et nécessaire pour tout le reste », a en effet assuré M. Trump, égratignant au passage le New York Times, coupable, à ses yeux, de ne pas savoir déchiffrer ses intentions…

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