Une erreur de techniciens d’Airbus serait à l’origine de la perte d’un hélicoptère allemand Tigre au Mali

Le 26 juillet 2017, dans la région de Gao, le capitaine Thomas Müller et le commandant Jan Färber perdaient la vie alors qu’ils assuraient un vol au profit de la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA] à bord de leur hélicoptère d’attaque Tigre UHT.

Un rapport d’enquête préliminaire de la Bundeswehr avait établi que l’appareil volait à 250 km/h, à 1.800 pieds d’altitude (environ 550 mètres) avant d’amorcer brusquement une chute de 10 secondes vers le sol et de prendre feu. Il fut alors avancé que certains éléments du Tigre s’étaient « détachés », notamment les « pales principales de son rotor. » Par la suite, des restrictions de vol furent décidées par la plupart des pays utilisateurs de ce type d’hélicoptère.

Près de 18 mois plus tard, un nouveau rapport de la Bundeswehr, évoqué par le magazine allemand Der Spiegel, est arrivé à la conclusion qu’aucune défaillance technique ou mécanique n’était la cause de cet accident. En revanche, il affirme que ce dernier est dû à une erreur de la part de techniciens d’Airbus Helicopters, commise lors d’une opération de maintenance réalisée en 2016 à la base aérienne de Fritzlar [Hesse].

Ainsi, la perte du Tigre serait due à un « mauvais réglage du contrôle du rotor principal », lequel a eu « pour résultat final le basculement et la destruction de l’hélicoptère », affirme le rapport. Cette opération, poursuit-il, a été effectuée par le « personnel du constructeur », plus précisément par trois techniciens d’Airbus Helicopter.

Or, ces derniers n’auraient pas eu toutes les qualifications requises « pour effectuer les réglages des commandes du rotor principal ». Toutefois, souligne le document, ce travail « aurait dû être effectué sous la direction d’un personnel expérimenté. »

Par ailleurs, la Bundeswehr a également sa part de responsabilité selon le compte-rendu de l’enquête fait par Der Spiegel. « Les techniciens [militaires] chargés d’inspecter les hélicoptères après leur livraison par l’industriel n’étaient pas encore suffisamment formés pour cette tâche exigeante. » A priori, ils ne connaissaient pas la méthode utilisée par Airbus Helicopters pour calibrer les commandes du rotor. Qui plus est, « un premier rapport sur les problèmes de vol sur l’hélicoptère accidenté n’avait pas été pris suffisamment au sérieux », avance l’hebdomadaire.

Dans une déclaration où chaque mot a été pesé, Airbus Helicopters reconnaît qu’un « mauvais réglage des commandes » a été « identifié comme étant l’une des causes qui ont mené à l’accident. » Et d’ajouter que des « mesures de précaution ont été immédiatement mises en place pour éviter que de tels accidents se reproduisent ». Enfin, l’industriel souligne également que l’enquête de la Bundeswehr « n’a pas conclu à un problème de conception de l’hélicoptère Tigre. »

Pour rappel, les hélicoptères Tigre engagés par l’Allemagne au Mali ont terminé leur déploiement en juin 2018, après avoir assuré 182 missions (soit 1.358 heures de vol) au profit de la MINUSMA. Devant apporter, le cas échéant, un appui aérien rapproché et servir d’escorte aux convois, ils n’ont pas eu à ouvrir le feu, les « démonstrations de force » ayant été suffisantes pour dissuader d’éventuels assaillants.

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