La DGA s’intéresse aux catapultes électro-magnétiques dans le cadre des études sur le futur porte-avions

Pour faire décoller les Rafale et autres E-2C Hawkeye, le porte-avions Charles de Gaulle utilise une catapulte à vapeur, constituée d’un sabot, d’une élingue (ou d’une barre métallique pour les avions les plus récents) et d’un tube situé sous le pont d’envol.

Ainsi, pour « catapulter » un avion, on accroche son train avant par l’élingue au sabot, qui est lui même relié au tube. Ce dernier reçoit alors de la vapeur à haute pression. Propulsé vers l’avant, le sabot entraîne l’avion, avant d’être stoppé par un frein hydraulique quand il arrive au bout du pont d’envol. Puis, continuant sur la lancée, l’appareil peut alors décoller.

Mais ce système vit peut être ses dernières années, étant donné que la nouvelle classe de porte-avions américains [classe Gerald R. Ford, ndlr] utiliseront des catapultes électro-magnétiques, appelées EMALS [Electromagnetic Aircraft Launch System].

Le principe est presque identique à celui des catapultes à vapeur, sauf qu’il repose un moteur à induction linéaire utilisant des courants électriques, lesquels générent des champs magnétiques. En théorie, ce dipositif permet de faire décoller des aéronefs (avions ou drones) emportant une quantité plus importante de carburant et de munitions et d’augmenter la fréquence des catapultages. En outre, les contraintes mécaniques sont moins importantes, tant pour la structure du navire que pour la cellule des aéronefs catapultés.

Visiblement, le système EMALS intéresse la Direction générale de l’armement [DGA], dans le cadre des études préparatoires relatives au futur porte-avions de la Marine nationale, appelé à remplacer le Charles-de-Gaulle.

En effet, le responsable des programmes navals au sein de la DGA, l’ingénieur général de l’armement Laurent Sellier, a confié au site Navy Recognition que des « discussions préliminaires » concernant les catapultes EMALS avaient commencé, durant l’été, avec la partie américaine. D’après la même source, il ne s’agit que d’un dialogue « technique » et « aucune décision ferme » de doter le futur porte-avions français avec un tel dispositif n’a encore été prise.

Le choix du mode de catapultage est un élément essentiel étant donné qu’il aura des incidences sur la consommation en énergie du futur porte-avions. Mais les discussions évoquées par le responsable de la DGA ne sont pas une surprise, le dispositif EMALS ne manquant pas de partisans en France.

À commencer par le le directeur des applications militaires du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), François Geleznikoff, qui, en 2016, laissa entendre que le catapultage électromagnétique permettrait « d’améliorer les choses » car les « pics d’énergie qu’il demande nécessitent des dispositifs d’accumulation d’énergie dont le chargement peut être lissé dans le temps ». Et d’ajouter : Ainsi, « on charge de l’énergie dans le temps, ce qui fait donc moins de pics de besoin qu’avec la vapeur. »

Cela étant, faut-il encore que le système EMALS fonctionne… Or, leur mise au point ne s’est pas faite sans problème. Un récent rapport du Congrès américain avait mis en cause sa fiablité. Et le président Trump ne manqua pas de critiquer la complexité de ce nouveau dispositif. « C’est très compliqué. Il faut être Albert Einstein pour comprendre. […] Cela « coûte des centaines de millions de dollars et ce n’est pas bon », avait-il lancé, en mai 2017, avant d’estimer que l’US Navy devait revenir à « la foutue vapeur ».

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