« Mission impossible » pour un hélicoptère Caracal de l’armée de l’Air

Tourné à Paris au printemps 2017, le film « Mission Impossible : Fallout », avec Tom Cruise dans le rôle d’Ethan Hunt, sort dans les salles ce 1er août. À en juger par quelques critiques qui, d’ordinaire, goûtent peu le cinéma d’action, ce nouvel opus de cette saga inspirée par la série télévisée du même nom, bénéficie d’une « mise en scène efficace ». Quant au scénario, sa trame est simple, donc efficace : l’Impossible Mission Force doit affronter une organisation qui, se faisant appeler le « Syndidat », veut semer le chaos avec des armes de déstruction massive.

Pour ce film, Tom Cruise a une nouvelle fois payé de sa personne (il réalise lui-même ses cascades). Lors du précédent épisode (Mission Impossible : Rogue Nation), celui qui va reprendre le rôle de Maverick dans Top Gun 2, il s’était accroché à une Airbus A400M en plein vol.

Pour le 6e épisode de Mission Impossible, l’acteur américain a appris à piloter un hélicoptère le H125, également produit par Airbus. Mais un autre appareil du constructeur européen a été sollicité pour les besoins du film : le H225M Caracal.

Pour cela, la production s’est tournée vers le ministère des Armées, qui, via sa mission Cinéma, a donné une suite favorable à l’idée d’utiliser un Caracal de l’armée de l’Air, en l’occurence l’un des exemplaires en dotation au sein de l’escadron 1/67 Pyrénées.

« La production ne nous a pas dit grand-chose de la scène. Seulement que des commandos de l’armée de l’Air française allaient livrer un méchant à des autorités policières », a raconté le colonel Olivier Celo, alors chef du Sirpa Air, dans les colonnes de M, le magazine du quotidien Le Monde.

Et l’on apprend donc à cette occasion qu’un Caracal du 1/67 Pyrénées a été immobilisé pendant deux jours : le premier pour tourner des plans à bord de l’appareil, le second pour filmer une scène à l’héliport du ministère de l’Économie et des Finances, à Bercy. Selon M, l’heure de vol de l’hélicoptère a été « facturée 30.000 euros » à la production. Une somme à laquelle il faut ajouter « le coût de la mise à disposition du personnel », soit deux pilotes, un mécanicien navigant, un sauveteur-plongeur et deux commandos.

Le coût de l’heure de vol du Caracal peut en faire « tiquer » certains, comme le mensuel Capital, qui explique « comment l’armée de l’Air a loué – très cher – son hélicoptère à Mission impossible » [tout en se mélangeant les pinceaux en parlant de 30.000 euros la journée , ndlr]. En réalité, ces 30.000 euros ne sont guère suprenants.

En effet, en décembre 2017, quand elle dévoila les grandes lignes de la réforme du Maintien en condition opérationnelle aéronautique [MCO], la ministre des Armées, Florence Parly, avait explique que « le coût de l’heure de vol » des Caracal était passé de « près de 19.000 euros en 2012 à 34.000 euros en 2016, , soit une augmentation de 81 %, pour une activité stable et une disponibilité amputée d’un cinquième. »

Mais pour le ministère des Armées, l’idée n’est pas de « faire de l’argent » en louant ses matériels aux réalisateurs de films. L’un des buts de sa « mission Cinéma », lancée par Jean-Yves Le Drian quand il était ministre de la Défense, est de faire rayonner les armées. Et « Mission Impossible : Fallout » est une excellente occasion de le faire. (Et, en outre, le convoyage du Caracal à Paris a permis d’entraîner un pilote dans le cadre de sa formation pour devenir commandant de bord).

Tout d’abord, la production ne peut pas faire n’importe quoi. Quand la Paramount a demandé un Caracal, le ministère des Armées a posé ses conditions : pas question de modifier le profil de l’hélicoptère lors de la « post-production » et le marquage « armée de l’Air » devra être clairement lisible. Que l’appareil soit piloté par des militaires français est une évidence.

Aux États-Unis, « Mission Impossible : Fallout » a déjà généré 61,5 millions de dollars de recettes dès son premier week-end d’exploitation (28/29 juillet). Soit le meilleur départ des épisodes de la saga. Et le montant s’élève à 153 millions de dollars dans le monde. En outre, le Caracal du 1/67 Pyrénées figure dans la bande annonce du film, laquelle a été vue, via le compte Youtube de Paramount Pictures, près de 27 millions de fois.

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