La Direction du renseignement militaire a signé une convention de partenariat avec le CNRS

Pour développer les capacités technologiques (intelligence artificielle, big data, etc) et acquérir l’expertise dans des domaines particuliers dont elle a besoin, la Direction du renseignement militaire (DRM) s’ouvre au monde académique ainsi qu’à ceux de la recherche et de l’industrie.

D’où la raison d’être de son projet « Intelligence Campus », qui implanté sur la base aérienne de Creil, réunit des spécialistes du renseignement, des chercheurs, des start-up et des industriels.

« La mise en relation directe de ces différentes personnes et de ces compétences va nous permettre d’améliorer le cycle d’acquisition de ces nouveaux outils qui évoluent très vite dans le civil. Nous nous
devons donc de nous adapter en permanence. L’initiative prochainement lancée s’appuiera ainsi sur le triptyque suivant : monde universitaire, recherche et acquisition », avait ainsi expliqué le général Jean-François Ferlet, le Directeur du renseignement militaire.

« Dans le domaine de la recherche, nous avons déjà passé un certain nombre de protocoles entre nos centres et plusieurs universités, écoles d’ingénieurs et centres de recherche, et nous allons poursuivre ces partenariats », avait ajouté le général Ferlet.

Aussi, la signature d’une convention entre la DRM et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le 30 mai, s’inscrit dans cette démarche.

Ce partenariat porte sur trois points. Initialement, la DRM voulait développer son expertise dans le domaine des sciences humaines et sociales. Ce service « travaille principalement sur des régions lointaines, mais ces agents pris dans l’urgence de leurs missions, disposent rarement des cadres intellectuels de compréhension globale », a souligné Fabrice Boudjaaba, directeur adjoint scientifique de l’Institut des sciences humaines et sociales.

« La convention formalise la mise en place de petits ateliers entre les analystes de la DRM affectés à la surveillance de tel ou tel territoire et les chercheurs des Unites mixtes de recherche CNRS spécialistes de ces régions lors de séminaires-discussions », a-t-il expliqué.

Actuellement, et avant la signature de cette convetion, cinq ateliers « formels » ont été créés « sous la forme de discussions très libres entre analystes et chercheur ». Ils concernent la Syrie, la Chine, l’Iran, la Russie et l’Égypte.

L’idée est ainsi de donner aux analystes de la DRM, qui ont à exploiter des données variées, une connaissance plus précise des pays sur lesquels leur attention se porte. « Le renseignement militaire a ainsi besoin d’un éclairage sur le fonctionnement global de ces sociétés. Les interactions entre chercheurs CNRS et analystes de la DRM donnent lieu à des échanges intéressants; les analystes ont des connaissances factuelles sur certaines zones du monde dont le public habituel de ces chercheurs disposent rarement », relève M. Boudjaaba.

Un second point de cette convention concerne l’Intelligence Campus. Le rôle du CNRS, entre autres, sera d’apporter son expertise scientifique sur les projets portés par la DRM et à l’aider « à apprécier les offres des industriels dans des domaines de pointe », notamment en identifiant ce qui peut être – ou non – une réelle innovation (ou rupture) technologique.

Enfin, cette convention permettra également, en donnant un cadre légale pour l’accès à certaines données sensibles, de développer la coopération dans le domaine de la recherche. « On peut par exemple imaginer à l’avenir un appel à projet commun entre le CNRS et la DRM cofinancé par les deux parties », a affirmé M. Boudjaaba.

Sans surprise, les thèmes de recherche qui intéressent la DRM sont l’intelligence artificielle, la reconnaissance automatique d’images, le traitement du signal et les techniques d’analyse de données.

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