« Rien ne justifie l’action en profondeur » des forces turques à Afrin, estime M. Le Drian

Presque deux mois après le lancement de son opération appelée « Rameau d’olivier », l’état-major turc a annoncé, ce 13 mars, que ses forces encerclent désormais la ville d’Afrin, chef lieu du canton du même nom qui, situé dans le nord de la Syrie, est contrôlé par les milices kurdes syriennes (YPG).

« Dans le cadre des opérations […] la ville d’Afrin a été encerclée à partir du 12 mars 2018 », a-t-il en effet déclaré. Selon Birusk Hasakeh, un porte-parole des YPG, la localité n’est pas encore totalement assiégée, même si le dernier accès qui permet d’en sortir est « la cible de violents bombardements. » Et de prévenir : « Nous sommes prêts pour un long combat. Nous allons résister. »

Ces derniers jours, les YPG, membres des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui, avec le soutien de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis, ont joué un rôle déterminant dans le recul de l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie, ont redéployé environ 1.700 combattants de la vallée de l’Euphrate (où des poches de résistance jihadistes subsistent) vers Afrin.

Pour rappel, la Turquie affirme que l’opération « Rameau d’olivier » vise à sécuriser sa frontière avec la Syrie, étant donné qu’elle considère les YPG comme terroristes, au regard de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan turc (PKK). Cependant, et alors que cette offensive ne va pas sans susciter des tensions avec les États-Unis, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, menace d’élargir la zone des opérations à d’autres localités tenues par les milices kurdes syriennes, dont Manbij et Kobané, où ces dernières résistèrent à l’EI en 2014.

En attendant, ces derniers développements autour de la ville d’Afrin suscitent de l’inquiétude au sujet de ses 350.000 habitants. « Nous allons permettre aux civils […] de partir pour le cas où les combattants (kurdes) décident de rester dans les villages, les quartiers ou les immeubles dans Afrin », a expliqué, à l’AFP, Abou Jaafar, un chef d’un groupe armé syrien soutenu par Ankara.

Quoi qu’il en soit, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a critiqué l’offensive turque. « Si le souci de la frontière est légitime pour la Turquie (…) cela ne justifie absolument pas l’action en profondeur des troupes turques sur la zone d’Afrin. On ne peut pas être plus clair, là aussi il faut le dire et nous le disons », a-t-il en effet déclaré.

La France a « une relation très ancienne avec les Kurdes » dont elle reconnaît « le rôle essentiel qu’ils ont joué dans la reprise de Raqqa » à l’EI, a ajouté M. Le Drian.

En outre, a-t-il rappelé, le canton kurde est concerné par le cessez-le-feu voté à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies, en février. Mais, visiblement, que ce soit pour la Ghouta orientale et Afrin, aucun des belligérants ne s’en soucie.

Photo : ville d’Afrin, via Wikimedias

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