L’US Air Force veut encourager l’innovation au niveau de ses escadrons

Depuis plus de 25 ans, la Mission innovation participative (MIP) du ministère des Armées encourage les militaires français à trouver des solutions nouvelles aux problèmes particuliers auxquels ils peuvent être confrontés au sein de leurs unités. C’est ainsi que, par exemple, que la solution de communication sécurisée AUXYLUM a vu le jour, comme le simulateur d’avion Cap 10 pour les élèves pilotes de la Marine nationale (pour le coût modique de 1.800 euros) ou encore le démonstrateur technologique TESC qui, facilite l’intégration des drones dans la circulation aérienne.

Par ailleurs, les forces spéciales, qui ne sont pas en reste pour innover à leur niveau, se sont rapprochées des entreprises innovantes via le salon SOFINS. Cela vaut aussi pour la Direction du renseignement militaire (DRM), avec son « Intelligence Campus ».

Encourager l’innovation au sein des unités sans nécessairement passer par les procédures administratives habituelles (qui sont parfois longues) permet ainsi de faire des économies tout en répondant à un besoin opérationnel ou en améliorant des systèmes en service.

Cette manière de faire a été adoptée par le 99th Reconnaissance Squadron, doté d’avions U-2 « Dragon Lady », sous l’impulsion de son commandant, le lieutenant-colonel Matt Nussbaum. Partant du principe qu’il n’obtiendrait pas des réponses de l’US Air Force pour régler des problèmes propres à son unité, ce dernier a mis en place un système donnant à ses subordonnés la « liberté de prendre des risques », c’est à dire des initiatives. Dans le même temps, il n’a pas hésité à se rapprocher des start-up de la Silicon Valley.

C’est ainsi que cet escadron a mis au point un moyen d’intégrer plusieurs liaisons de données à l’U-2 et acquis des tablettes numériques pouvant être utilisées par les pilotes de cet appareil pour des missions non classifiées. Le tout financé sur son propre budget.

Ce modèle a inspiré le général David Goldfein, le chef d’état-major de l’US Air Force. Et ce dernier a annoncé, lors de l’Air Warfare Symposium de l’Air Force Assocation le lancement du prorgramme « Squadron Innovation Fund », doté de 64 millions de dollars. Chaque escadron recevra entre 10.000 et 30.000 dollars afin de leur permettre d’initier rapidement de nouveaux projets.

Les commandants d’escadron « savent ce que leurs unités ont besoin de tester, d’expérimenter et d’affiner. Il s’agit de leur faire confiance ainsi qu’à nos aviateurs. Notre nation compte sur nous pour être une force incroyablement innovatrice dans ce monde de plus en plus difficile », a fait valoir le général Goldfein.

« Nous avons besoin que nos escadrons soient agressivement persévérants et prennent des risques dans la recherche de nouvelles idées et solutions », a ajouté le chef de l’US Air Force Goldfein. « Personne ne connaît mieux les problèmes auxquels nous sommes confrontés que les aviateurs de nos escadrons », a-t-il insisté.

L’objectif, selon le général Goldfein, est de faire en sorte que les escadrons de l’US Air Force puissent penser et agir « comme des start-up ». Et le « Squadron Innovation Fund » servira de « capital d’amorçage » pour les projets innovants. Dans le même temps, ils seront encouragés à utiliser le programme AFWERX, qui vise à encourage les partenariat avec les institutions académiques, la communauté scientifique et les industriels privés « ayant un intérêt accru à résoudre des problèmes de sécurité complexes ».

Mais il ne s’agit pas seulement de débloquer des fonds : il est aussi question de favoriser un état d’esprit dédié à l’innovation. « Nos racines sont dans un magasin de vélos à Dayton, Ohio », a ainsi rappelé Heather Wilson, secrétaire de l’US Air Force, en référence aux frères Wright qui « bricolèrent » leur avion « Flyer » dans leur atelier de réparation de bicyclettes, en 1903.

« Une partie du travail des dirigeants consiste à débrider l’ingéniosité et à créer un environnement où les jeunes gens ayant de bonnes idées peuvent réellement être écoutés », a encore plaidé le général Goldfein. « Nous savons que chaque idée n’est pas un homerun [un coup victorieux au base ball, ndlr]. Mais si une idée doit échouer, nous voulons qu’elle le fasse rapidement et que nos aviateurs apprennent encore plus vite. Et parce que nous leur avons montré que nous croyons en leurs idées je veux qu’ils continuent à en fournir jusqu’à ce que nous trouvions la réponse », a-t-il conclu.

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