Boeing a présenté son prototype de drone embarqué pour le ravitaillement en vol

Initialement, la marine américaine entendait se doter d’un drone de combat (UCAV, pour unmanned combat aerial system) capable d’opérer depuis le pont d’un porte-avions. D’où le programme UCLASS (Unmanned Carrier-Launched Airborne Surveillance and Strike) et les essais conduits par Northrop Grumman avec le démonstrateur X-47B. Ce qui donna lieu à plusieurs premières mondiales pour un appareil de cette nature.

À l’époque, il était question de doter l’aéronautique navale américaine d’un drone de combat furtif capable d’assurer un large éventail de missions dans un environnement non-permissif. En clair, il s’agissait de contrer les dispositifs de déni et d’interdiction d’accès (A2/AD) sans avoir à risquer la vie de pilotes.

Seulement, en 2016, l’US Navy changea son fusil d’épaule en abandonnant le programme UCLASS pour celui appelé CBARS [Carrier-Based Aerial-Refueling System]. Considérant que les dispositifs A2/AD pouvaient très bien être « traités » par le F-35C (la version navale de l’avion de Lockheed-Martin), il fut alors estimé qu’un drone capable de ravitailler les avions « classiques » en vol serait plus utile.

Ainsi, selon l’état-major de la marine américaine, 10 drones ravitailleurs permettraient de donner une allonge supplémentaire à deux fois plus de F-35C et de F/A-18 Super Hornet. En un mot, il serait ainsi possible de frapper de plus loin et deux fois plus fort. Un autre intérêt serait que cela éviterait d’exposer un groupe aéronaval à une frappe adverse, étant donné qu’il pourrait se tenir à distance de sécurité des côtes ennemies.

En août 2016, le programme CBARS fut rebaptisé MQ-25A « Stingray », avec l’objectif de disposer de tels drones ravitailleurs d’ici 2021. Quatre constructeurs furent sollicités : Northrop Grumman, Lockheed-Martin, Boeing et General Atomics.

Pourtant donné favori après les succès de son démonstrateur X-47B, Northrop Grumman a abandonné la partie en octobre dernier. Apparemment, cette décision aurait été motivée par les exigences demandées par l’US Navy au sujet de son futur drone ravitailleur.

Et, tandis que General Atomics et Lockheed-Martin n’ont, pour le moment, présenté que des concepts, la division Phantom Works de Boeing [chargée des projets innovants et spéciaux, ndlr] a pris une longueur d’avance en dévoilant, le 19 décembre, un prototype du MQ-25A Stingray.

Cela étant, le service communication de Boeing a fait le minimum puisqu’il n’a diffusé qu’une seule photo, prise de face, de ce prototype. Ce qui laisse libre court à toutes les interprétations. Apparemment, il ne s’agit pas d’une aile volante comme le X-47B.

Quoi qu’il en soit, Boeing a indiqué que cet appareil fera des essais de moteurs d’ici la fin de cette année. Début 2018, il est prévu de lui faire passer des tests de roulage sur un porte-avions. « Notre expertise nous donne confiance dans notre approche. Nous serons prêts pour les essais en vol lorsque le contrat d’ingénierie et de développement sera attribué », a précisé le constructeur.

Boeing et ses deux autres concurrents ont jusqu’au 3 janvier prochain pour remettre leurs propositions au Pentagone. Une décision devrait être prise d’ici l’été prochain. Au total, l’US Navy espère pouvoir disposer de 72 drones ravitailleurs, pouvant emporter jusqu’à environ 7 tonnes de carburant jusqu’à 500 milles d’un porte-avions.

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