L’aviation militaire chinoise enchaîne les exercices près de Taïwan

En 2016, les avions militaires chinois ont volé dans la zone d’identification de la défense aérienne (ADIZ) de Taiwan à seulement 8 reprises. Depuis le début de cette année, au moins 20 cas ont déjà été recensés, dont 6 rien que pour le mois en cours, ont indiqué, ce 20 décembre, les autorités taïwanaises. « Les exercices chinois sur de longues distances se font de plus en plus fréquents », ont-elles précisé.

La veille, un porte-parole du ministère taïwanais de la Défense, le général Chen Chung-ji, a indiqué que les forces locales avaient pris des mesures particulières et qu’elles « réagiraient de manière appropriée à tout développement […] sur la base d’une procédure opérationnelle standard. »

Et d’ajouter que l’armée [taïwanaise] ferait décoller « des avions armés de missiles si nécessaire en réponse à l’intensification de l’activité militaire chinoise près de Taïwan. »

Le 12 décembre, après le survol des détroits de Bashi et de Miyako [situés au sud et au nord de Taïwan, ndlr] par des bombardiers H-6K, des chasseurs Su-30 et J-11 ainsi que par des avions d’alerte avancée, de reconnaissance et de ravitaillement en vol, Shen Jinke, le porte-parole de la Force aérienne de l’Armée populaire de libération (APL), a évoqué un « exercice visant à améliorer la mobilité et la préparation au combat sur une longue distance, ainsi que la capacité à sauvegarder la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale. »

Or, comme Pékin considère que Taïwan comme une province rebelle, l’objectif de cet exercice, qualifié de « légal et de raisonnable » par M. Shen (comme tous les autres d’ailleurs) ne laisse guère de place au doute quant à leur finalité. Pour résumer, il s’agit clairement de faire pression sur Taipeh.

Cependant, des experts militaires sollicités par le South China Morning Post estiment que ces exercices chinois ont un autre objectif. « Les récentes patrouilles d’encerclement de l’île sont très inhabituelles », a ainsi relevé Antony Wong Dong, un spécialiste des affaires militaires installé à Macau. La force aérienne chinoise mène « des patrouilles bien planifiées près de Taïwan pour recueillir des renseignements militaires », a-t-il ajouté.

« Par le passé, les patrouilles navales et aériennes étaient routinières et surtout symboliques, mais la Chine continentale déploie désormais des avions de surveillance anciens et nouveaux, des avions de combat et d’autres avions … indiquant que l’APL intensifie ses préparatifs de guerre contre Taïwan », a encore estimé cet expert.

Quoi qu’il en soit, si on n’en est pas encore là, il n’en reste pas moins que les relations entre Pékin et Taipeh ont connu un sérieux coup de froid depuis l’élection de Tsai Ing-wen à la tête de Taïwan. Et le projet prêté au président américain, Donald Trump, de remettre en cause le principe de « Chine unique » n’arrange pas les choses.

Ainsi, le National Defense Authorization Act (NDAA), qui fixe le montant du budget du Pentagone tout en donnant des directives plus générales, ouvre la possibilité aux navires de l’US Navy d’effectuer des visites à la marine taïwanaise. Une perspective immédiatement dénoncée par Pékin.

« Le jour où un vaisseau de l’US Navy arrive à Kaohsiung [principal port de Taiwan, ndlr] sera celui où notre Armée populaire de libération unifiera Taïwan [à la RPC] par la force », a même prévenu un diplomate chinois de haut-rang, en poste à Washington.

Faut-il donc se préparer à un conflit entre la Chine continentale et Taïwan, comme le fait le Japon? En attendant, la multiplication des vols militaires chinois dans la zone d’identification aérienne taïwanaise fait augmenter le risque d’un incident grave. Avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer.

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