La menace des missiles anti-navires est un « sujet majeur » pour la Marine nationale

En juillet 2015, un patrouilleur de la marine égyptienne était frappé par un « missile guidé » tiré par des jihadistes depuis la péninsule du Sinaï avant de prendre feu. Plus d’un an plus tard, précisément en octobre 2016, le navire à grande vitesse de type catamaran HSV-2 Swift, mis en oeuvre par les Émirats arabes unis pour soutenir les opérations de la coalition arabe au Yémen, connut un sort identique alors qu’il naviguait dans le détroit de Bab al-Mandeb. L’attaque fut revendiquée par les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran.

Dans le même secteur, une semaine plus tard, le destroyer américain USS Mason et le navire logistique USS Ponce furent aussi visés par des missiles tirés depuis une zone contrôlée par les rebelles yéménites. Mais cette fois, les deux engins terminèrent leur course dans l’eau grâce aux contre-mesures activées par le navire de l’US Navy.

Cela étant, contrer un missile anti-navire est compliqué. Ces engins suivent généralement une trajectoire rasante, ce qui les rend difficile à détecter. Et donc à détruire avant qu’il n’atteigne leur cible. La menace qu’ils représentent tend à prendre de l’importance car, comme on l’a vu avec les cas précédemment cités, les forces armées étatiques n’en ont plus le monopole.

« Je pense que nous ne sommes pas loin du jour où un missile antinavire sera tiré contre un bâtiment français », a ainsi affirmé l’amiral Christrophe Prazuck, le chef d’état-major de la Marine nationale (CEMM), lors de sa dernière audition devant la commission sénatoriale des Affaires étrangères et des Forces armées.

Pour ce dernier, il s’agit même d’un « sujet majeur » qui doit faire l’objet de recherches en vue du lancement d’un programme d’armement afin d’équiper les navires de la Marine nationale de contre-mesures devant leur permettre de faire face à ce type de menace.  »

« Nous assistons à une prolifération des missiles, y compris au sein de groupes armés non étatiques. Ces missiles ont une capacité de pénétration de plus en plus importante et sont pour certains hypervéloces », a expliqué l’amiral Prazuck aux sénateurs. « Il faudra pouvoir les détecter et les intercepter. C’est un des grands sujets de la prochaine décennie », a-t-il ajouté.

Outre la menace des missiles anti-navire, la Marine nationale a d’autres priorités devant faire l’objet d’études amont. Au-delà des réflexions sur son prochain porte-avions et la nouvelle classe de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, l’amiral Prazuck a cité les « les drones sous-marins pour la guerre des mines et les drones aériens. »

« Nous avons commencé des expérimentations, mais il faudra aller plus loin avec des drones à décollage et à appontage verticaux que l’on pourra équiper de radars et d’électronique », a indiqué, sur ce sujet, le CEMM.

La menace cyber est un autre sujet majeur. « Nos futures unités, comme les frégates de taille intermédiaires (FTI), seront ‘cyberprotégées’ dès l’origine mais il faudra construire des ‘cyberbarrières’ pour les bâtiments plus anciens. Nous nous y employons avec les industriels et les chercheurs », a fait savoir l’amiral Prazuck.

Enfin, un dernier sujet porte sur le big data, donc sur le traitement des informations. « Nous devons développer les moyens de traiter de manière automatique les centaines de millions de données récoltées dans le domaine maritime », a estimé le CEMM.

Cette question a d’ailleurs été au centre du premier Hackhaton organisé par la Marine nationale, en mai dernier, un projet reposant sur l’analyse, via des algorithmes, des flux vidéo tournés vers la mer et disponibles sur Internet afin d’avoir une meilleure connaissance des activités maritimes ayant été primé par le jury.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]