L’avion espion américain U-2 « Dragon Lady » n’est pas encore prêt à tirer sa révérence

Début mai, dans un contexte marqué par les tensions avec la Corée du Nord, un premier drone HALE (Haute Altitude Longue Endurance) RQ-4 Global Hawk du 69th Reconnaissance Group a temporairement été transféré de l’île de Guam à la base japonaise de Yokota afin de conduire des missions de renseignement et de surveillance. Quatre autres appareils devaient suivre.

L’US Air Force a expliqué que ce déploiement vise à maintenir les capacités de reconnaissance des forces américaines dans la région en anticipant les intempéries susceptibles d’affecter les opérations conduites depuis Guam durant l’été.

L’on pouvait penser que ce scénario allait devenir la norme dans les années qui viennent, étant donné que l’avion espion U-2 « Dragon Lady », que le RQ-4 Global Hawk doit remplacer, devait être retiré du service à partir de 2019 pour des raisons financières. L’US Air Force comptait, en effet, économiser 2,2 milliards de dollars avec le retrait de « l’avion noir ».

Cela étant, au Congrès, certains élus ont bataillé pour empêcher la mise à la retraite des U-2. De même que des responsables de l’US Air Force. Car les capacités de cet avion sont sans commune mesure avec celles du RQ-4 Global Hawk, conçu par Northrop Grumman.

Ainsi, même si son autonomie est moindre que celle d’un drone HALE, le U-2 est en mesure d’emporter une charge utile presque deux fois plus importante que le Global Hawk. En outre, grâce à sa puissance électrique, il peut utiliser plusieurs capteurs simultanément, ce qui n’est actuellement pas possible pour l’appareil de Northrop Grumman.

En outre, les capteurs électro-optiques des U-2 sont nettement plus performants que ceux du RQ-4. Cela étant, Northrop Grumman a récemment testé le capteur multi-spectral MS-177, qui, développé par UTC Aerospace System, afficherait des performances supérieures à celles des systèmes du Dragon Lady.

Mais les avantages du U-2 sur le Global Hawk ne s’arrêtent pas là : il peut voler plus haut (70.000 pieds), par n’importe quel temps et dans un environnement constesté, ce qui est loin d’être le cas du drone. En outre, il n’est pas dépendant d’une liaison satellite pour fonctionner…

Et c’est bien pour toutes ces raisons que, finalement, le U-2 ne sera pas retiré de l’inventaire de l’US Air Force. Les plans pour commencer son retrait ont été abandonné, ont en effet annoncé des responsables de l’aviation américaine, après la publication, par la Maison Blanche, du projet de budget 2018 pour le Pentagone.

« Il n’y a pas de date de retrait pour le U-2 dans ce budget », a déclaré le général James Martin, le sous-secrétaire adjoint de l’US Air Force pour le budget. « Nous prévoyons de garder cette plate-forme dans le futur », a-t-il affirmé. « C’est une capacité dont nous avons besoin », a-t-il insisté, car « le monde a changé depuis août 2014 », année où il fut décider de retirer cet avion du service.

La hausse annoncée des dépenses militaires américaines a été déterminante pour le maintien des U-2. « Nous disposons de plus de ressources » et « nous pouvons donc garder » les U-2 et les RQ-4 Global Hawk, a expliqué le général Martin.

Le U-2 n’étant pas éternel, Lockheed-Martin a récemment proposé de mettre au point son successeur, lequel combinerait les performances d’un avion habité et celles d’une drone HALE.

« Avec un financement et une exigence claire, la division Skunk Works pourrait à nouveau livrer rapidement un avion de nouvelle génération, avec beaucoup plus de capacités par rapport au U2 et au Global Hawk », avait plaidé, en août 2015, Melani Austin, responsable du programme U-2 chez Lockheed-Martin.

 

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