Avec l’impression 3D, il sera possible de faire voler un avion de la Seconde Guerre Mondiale

Si le temps n’avait pas manqué, l’armée de l’Air aurait sans doute été en mesure d’infliger de plus lourdes pertes à la Luftwaffe pendant la campagne de France de mai-juin 1940. Il aurait en effet suffi de quelques mois pour voir entrer en service l’avion Dewoitine D551, un pur chasseur crédité – sur le papier – de performances largement supérieures à celle du Morane-Saulnier 406, du Curtiss H.75 ou encore des D510 et D520.

En 1938, Émile Dewoitine dessine le D550, un avion destiné à la compétition. Lors de son premier vol, ses capacités impressionnent Marcel Doret, le pilotes d’essais de l’avionneur. Et l’armée de l’Air s’y intéresse de près et suggère quelques modifications (envergure plus grande, autonomie accrue…).

Ce qui aboutira au D551, un avion doté d’un canon de 20 mm et de six mitrailleuses, capable de voler à 662 km/h et à une altitude de 33.000 pieds (10.000 mètres). En outre, cet appareil pouvait être assemblé en deux fois moins de temps que le D520 (4.000 heures contre 8.000 heures).

Seulement, les prototypes assemblés n’auront pas le temps d’entamer leurs essais en vol : après l’armistice de juin 1940, ils sont tout bonnement envoyés à la ferraille. L’histoire aurait pu s’arrêter là… Sauf que l’association Replic’Air a lancé, en 2014, le projet de construire un D551 et de le faire voler.

Pour cela, ses membres ont retrouvé les plans de l’appareil, conservés aux archives départementales. Puis avec le logiciel Catia (Conception Assistée Tridimensionnelle Interactive Appliquée), ils ont conçu une maquette à l’échelle 1 du D551, afin de voir où faire passer le câblage électrique et intégrer les différents éléments. Ensuite, ils ont acquis, auprès d’un collectionneur, un moteur Saurer HS-51 de 1000 chevaux très proche de l’Hispano-Suiza 12Y51 qui devait équiper l’avion d’Émile Dewoitine.

Toutefois, le projet exige des pièces qui ne sont plus fabriquées aujourd’hui. Et pour cela, le plus simple est de les concevoir grâce à l’impression 3D. D’où le partenariat conclu avec le groupe d’ingénierie Assystem, qui apportera « son expertise en matière de fabrication additive métallique au travers de la conception et la livraison de pièces de support et du système mécanique. »

« Assystem réalisera la conception de pièces destinées à être produite en impression 3D (ou ALM-Additive Layer Manufacturing) et assurera le suivi de production de ces pièces avant de les mettre à disposition de Réplic’Air. Les pièces concernées sont des supports systèmes, ainsi que des sous-composants de la structure secondaire et des systèmes mécaniques », explique le groupe, dans un communiqué.

« Le projet est éminemment excitant pour les passionnés d’ingénierie et d’aviation que nous sommes. Assystem se retrouve entièrement et partage les valeurs de Réplic’Air : oser relever des défis, aider l’expression des talents individuels et collectifs, utiliser les expertises techniques de chacun. Ce partenariat est aussi un hommage aux pionniers pour l’héritage confié nous permettant de savoir d’où l’on vient pour mieux envisager l’avenir », a commenté Dominique Louis, le Pdg d’Assystem.

Il est prévu d’exposer le D551 à l’occasion du prochain salon du Bourget. Puis l’appareil effectuera son premier vol dans le cadre d’une campagne d’essais programmée au premier semestre 2018. En attendant, l’avion a reçu officiellement son immatriculation : F-AYED, les deux dernières lettres étant les initiales d’Émile Dewoitine.

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