M. Macron veut un budget de la Défense à 50 milliards d’euros d’ici 2025 et un service militaire « universel »

En matière de défense, le programme présenté au début de ce ce mois par Emmanuel Macron, le fondateur d’En Marche, pour l’élection présidentielle, semblait convenu étant donné qu’il faisait la part belle à des mesures déjà engagées (garde nationale, force opérationnelle terrestre à 77.000 soldats, etc…) et qu’il s’inscrivait dans la continuité de la politique menée au cours de ces dernières année.

Cela étant, ce 18 mars, l’ancien ministre de l’Économie, qui aurait, dit-on, le soutien de Jean-Yves Le Drian, a précisé ses intentions en la matière. Et il a livré au moins deux surprises.

Après avoir décrit le contexte stratégique et rappelé les principes qu’il entend mettre en oeuvre s’il est élu, M. Macron a dit vouloir renforcer la coopération militaire avec l’Allemagne en remettant au goût du jour le conseil de défense franco-allemand, tombé en désuétude selon lui. Il s’agira ainsi de donner une « nouvelle impulsion » dans les domaines « opérationnels et capacitaires » et de fixer une « feuille de route » commune. En outre, le fondateur d’En Marche a aussi dit souhaiter vouloir aller encore plus loin que le traité franco-britannique de Lancaster House et approfondir ainsi la coopération militaire avec le Royaume-Uni, en particulier sur les volets technologiques et industriels.

Il va sans dire que, pour M. Macron, il n’est pas question de remettre en cause la participation de la France aux structures militaires de l’Otan – qui, pour lui, doit se réformer pour être moins coûteuse et bureaucratique.

Mais comme l’argent restera toujours le nerf de la guerre, M. Macron a fait une annonce : il souhaite en effet porter le montant du budget de la Défense à 2% du PIB d’ici 2025, compte tenu, notamment, de la nécessité de revoir à la hausse les contrats opérationnels des armées, actuellement « trop étroits ».

En soi, ce n’est pas une surprise : ses principaux concurrents à l’élection présidentielle ont le même objectif et certains ont même l’intention de le dépasser. Seulement, à la différence de ces derniers, le candidat d’En Marche ne compte pas dans cet effort les dépenses liées aux pensions et aux opérations extérieures.

« Si on tient compte des hypothèses actuelles de croissance du produit intérieur brut, ce budget atteindra, hors pensions et hors surcoûts opex, plus de 50 milliards d’euros en 2025 contre 32 milliards en 2017, a fait valoir M. Macron. « Je juge que cet effort est indispensable. Mieux, qu’il est urgent. Nous ne pouvons pas attendre en raison de l’environnement [stratégique] et des besoins de nos armées », a-t-il expliqué.

« Le renouvellement des forces de dissuasion, la modernisation des moyens militaires conventionnels, le comblement de certains déficits criants dans nos capacités rendent absolument indispensables cet effort », lequel devra s’inscrire « dans une planification à long terme », a insisté M. Macron. Pour cela, il compte lancer les travaux pour un nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) dès le mois de mai afin de pouvoir préparer, dès la fin de cette année, une Loi de programmation militaire (LPM), en fonction des « grands termes de planification de notre défense pour les 15 années à venir ».

Cet effort budgétaire devra permettre de financer la modernisation des deux composantes de la dissuasion nucléaire, d’améliorer la disponibilité des matériels, accélérer le remplacement des équipements les plus anciens et d’engager les programmes d’avenir visant à développer les prochaines générations de chars, d’avions de combat et de drones). En outre, M. Macron a dit vouloir lancer les études pour un second porte-avions au cours de son mandat.

Par ailleurs, l’ancien ministre de M. Hollande veut un effort accru en matière de renseignement (notamment sur les moyens d’observation et d’écoutes par satellite) et de cyberdéfense. À ce sujet, il propose de créer une « quatrième armée », forte de 6.000 personnels. Seulement, les spécialistes estiment que ce n’est pas forcément une idée très pertinente.

Quant à l’industrie de défense, M. Macron veut la rendre plus robuste, en s’appuyant notamment sur les PME, augmenter les fonds de recherche qui lui sont alloués de 30% et continuer la politique en matière d’exportation mise en place par M. Le Drian.

Cette hausse du budget de la Défense que promet M. Macron irait au-delà de l’objectif des 2% du PIB fixé par l’Otan étant donné que cette « cible » comprend les pensions. Cependant, cet effort risque d’être fortement amoindri par la seconde proposition « surprise » qu’il a faite lors de son discours : il souhaite en effet instaurer un « service national obligatoire et universel », que tous les jeunes seraient tenus d’effectuer dans les trois ans suivants leur 18e anniversaire. Cette mesure concernerait 600.000 jeunes par an.

Pour M. Macron, il s’agit ainsi de permettre aux jeunes de « faire l’expérience de la vie militaire » et d’être « des acteurs à part entière de l’esprit de défense ». Pour lui, c’est une « projet de société majeur et un véritable projet républicain » de nature à renforcer le lien entre l’armée et la Nation et à accroître la résilience du pays.

Le candidat d’En Marche n’a pas précisé comment il comptait mettre en pratique cette mesure, sachant qu’elle suppose des effectifs militaires plus élevés pour encadrer ces jeunes et des casernes (qui ont été vendues) ainsi que de remettre en place une chaîne de sélection et d’incorporation disparue il y a plus de 15 ans.

Cette idée de rétablir le service militaire, avancée récemment par le Parti socialiste, avait d’ailleurs été balayée par le ministre de la Défense. « Incorporer par obligation 780.000 nouveaux appelés, chaque année, garçons et filles, qui ne resteraient pas dans les armées et qui monopoliseraient l’encadrement militaire ruinerait ce délicat édifice de compétences et d’efficacité », avait répondu M. Le Drian, pour qui cela cela traduirait par un coût de « plusieurs milliards d’euros ».

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