L’Allemagne veut d’autres critères pour évaluer l’effort de défense au sein de l’Otan

Depuis l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche, la pression est forte sur les membres européens de l’Otan pour qu’ils augmentent leurs dépenses militaires afin de les porter à 2% de leur PIB, comme ils s’y étaient d’ailleurs engagés lors du sommet de Newport, en septembre 2014.

Selon l’Otan, seul cinq Alliés ont atteint cet objectif des 2% l’an passé, dont les États-Unis, la Pologne, le Royaume-Uni, la Grèce et l’Estonie. Et si les dépenses militaires des pays membres sont globalement reparties à la hausse, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, Jens Stoltenbeg, a appelé, cette semaine, à « redoubler d’efforts » car « cela sera indispensable pour que le lien transatlantique […] reste solide. »

Et M. Stoltenberg de souligner que « le partage des charges au sein de notre Alliance n’est toujours pas équitable », étant donné qu’avec un PIB représentant 46% des richesses nationales cumulées des pays membres de l’Otan, les États-Unis diposaient d’un budget militaire équivalent à 68% du total des dépenses de défense des Alliés.

Cependant, ce critère des 2% du PIB dédiés aux dépenses militaires n’est sans doute pas le plus pertinent dans la mesure où tous les membres de l’Otan n’ont pas forcément besoin d’atteindre un tel niveau d’investissement. Pour la France, par exemple, il peut correspondre au niveau minimum de financement nécessaire pour garantir le format et la cohérence de ses forces armées. En revanche, pour l’Allemagne, il impliquerait des dépenses militaires annuelles de l’ordre de 60 milliards d’euros (contre 38 milliards actuellement).

D’ailleurs, sans pour autant remettre en cause l’objectif des 2% du PIB, Ursula von der Leyen, la ministre allemande de la Défense, a estimé, le 17 mars, dans un entretien donné à l’AFP, que l’effort dans le domaine militaire ne devait pas être seulement regardé du seul point de vue du budget. « La question se pose aussi selon moi de savoir qui réalise une plus-value opérationnelle pour l’Alliance », a-t-elle en effet déclaré.

Quant aux 2% du PIB, Mme von der Leyen a estimé que cet objectif « est le bon car la Bundeswehr a urgemment besoin de modernisation » d’autant plus que, comme elle l’a souligné, « l’Allemagne a une économie forte » et « personne ne comprendrait que cette Allemagne forte ne parvienne pas à remplir cet obejctif mesuré alors que d’autres pays à court d’argent se serrent la ceinture » pour atteindre ce but.

Sur ce point, son homologue au ministère des Affaires étrangères, le social-démocrate Sigmar Gabriel, n’est pas tout à fait de cet avis. L’Allemagne doit faire plus en matière de dépenses militaires, mais l’Europe veut-elle qu’elle mette 60 milliards d’euros par an dans son armée? », s’est-il récemment demandé.

Quoi qu’il en soit, Mme von der Leyen a dit également être « d’avis que nous devons discuter de manière plus large au sein de l’Otan, c’est à dire au delà de l’objectif des 2% ». Ainsi, a-t-elle continué, « nous devrions par exemple parler d’un indice d’activité supplémentaire ».

En clair, pour la ministre allemande, il faudrait aussi voir « dans quelle mesure chaque pays contribue effectivement sous la responsabilité de l’Otan à la sécurité, à travers par exemple des interventions militaires ou des exercices ou la mise à disposition de personnesl et de matériels ».

Si l’on devait prendre en compte le critère des interventions menées sous la responsabilité de l’Otan, la France ne serait pas gagnante : Barkhane, pour la bande sahélo-saharienne, ne relève pas de l’Alliance Atlantique, pas plus que ne l’a été Sangaris en Centrafrique et que ne l’est Chammal, en Irak et en Syrie. En revanche, l’Allemagne reste engagée en Afghanistan (mission Resolute Support) tout en étant nation-cadre pour le déploiement de bataillons multinationaux dans les pays baltes (enhanced Forward Presence, eFP).

Cela étant, la chancelière allemande, Angela Merkel, a de nouveau assuré que Berlon devait « augmenter ses dépenses » militaires, à l’issue d’un entretien avec le président Trump. « Nous nous engageons aujourd’hui à cet objectif de 2% jusqu’en 2024 », a-t-elle dit, avant de souligner que « l’an dernier, , nous avons augmenté nos dépenses de défense de 8% et nous allons travailler à nouveau là-dessus. »

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