Le président moldave ne veut pas d’un bureau de liaison de l’Otan

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Au cours de l’été 2016, la Moldavie avait protesté contre la tenue de nouveaux exercices militaires russes en Transnistrie, une région sécessionniste bénéficiant d’une large autonomie depuis une intervention militaire de la Russie en 1992.

Le gouvernement moldave, pro-occidental, redoutait alors de voir se jouer le même scénario qu’en Crimée. Et il en profita pour dénoncer la présence permanente de troupes russes en Transnistrie, présence contraire à un engagement pris en 1999 par Moscou lors d’un sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Istanbul.

Puis, en novembre, le pro-européen et social-démocrate Pavel Filip, alors chef du gouvernement moldave, annonça l’ouverture prochaine, à Chisinau, d’un bureau de liaison de l’Otan. Un étape « politiquement importante pour renforcer la coopération avec l’Otan et améliorer le soutien aux réformes engagés par le gouvernement moldave », avait alors commenté Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique.

Seulement, la donne politique a depuis changé, avec l’élection d’Igor Dodon à la tête de l’État. Ouvertement pro-russe, il avait promis de dénoncer l’accord d’association avec l’Union européenne, d’adhérer à l’Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan et de ne plus s’opposer à la présence de la 14e armée russe en Transnistrie. Bref, on ne pouvait pas rêver mieux au Kremlin.

Quelques jours après son investiture, l’une des premières décisions de M. Dodon fut de limoger le ministre de la Défense, Anatol Salaru. « Je rappelle que ce ministre flirtait avec l’Otan tout en sachant que conformément à la constitution, nous sommes un pays neutre. Il promouvait ouvertement l’union entre la Moldavie et la Roumanie », expliqua-t-il. Et, pour faire bonne mesure, il l’accusa également de corruption… Un sort qui n’est pas sans rappeler celui, en Bulgarie, de Nikolaï Nentchev, peu après l’élection du pro-russe Roumen Radev à la tête du pays.

Quant au bureau de liaison de l’Otan, son ouverture paraît désormais très compromise. D’ailleurs, lors d’un déplacement à Bruxelles, le 7 février, M. Dodon n’a pas caché ses intentions.

« Je pense que l’ouverture du bureau de liaison de l’Otan à Chisinau n’est pas bénéfique pour la majorité des Moldaves », a-t-il déclaré, après avoir rencontré Rose Gottemoeller, la secrétaire générale adjointe de l’Alliance atlantique.

« Je me fiche de ce que les autres peuvent dire de l’extérieur. Je me préoccupe de la neutralité et de la sécurité des citoyens moldaves. Pour moi l’ouverture d’un tel bureau ne permettra pas la sécurité du peuple », a continué M. Dodon. Et d’insister : « C’est une provocation qui a été décidée par le gouvernement de coalition qui était en poste avant mon arrivée. »

Cela étant, Mme Gottemoeller a tenu à donner quelques précisions au président Moldave. « J’aimerais souligner le fait que ce [bureau] n’est pas une base militaire, mais une petite mission diplomatique composée seulement de personnels civils et notamment de personnels moldaves », a-t-elle dit.

« Il n’y aura pas de troupe de l’Otan (…). L’Otan a établi de longue date des bureaux de liaisons dans d’autres capitales, Moscou, Kiev (…). Pour nous c’est l’occasion de présenter une image claire de l’Otan », a-t-elle encore ajouté. « Nous sommes une alliance de défense et nous pouvons aider par exemple dans les domaines d’éducation et de la formation militaire », a-t-elle aussi souligné.

Pour rappel, l’Otan dispose d’un bureau à Moscou depuis 2001. Dans la présentation officielle qui en est faite, son objectif est « d’améliorer la connaissance et la compréhension mutuelles entre l’Otan et la Fédération de Russie et de faire connaître les activités du Conseil Otan-Russie. »

Pour cela, ce bureau « donne des informations, fournit une aide en matière de recherche et apporte un soutien aux organisations et aux citoyens russes pour des projets relatifs à l’Otan et à la sécurité, et il leur permet d’avoir accès à des documents et publications de l’Otan. » Enfin, est-il précisé, « en coopération avec des partenaires russes, il apporte son soutien à la mise en place, dans la Fédération de Russie, de Centres sur la sécurité internationale qui servent de points de contact Otan. »

Par ailleurs, les relations entre l’Otan et la Moldavie sont maintenant relativement anciennes. Elles ont commencé avec l’adhésion de Chisinau Conseil de coopération nord-atlantique (1992) et programme de Partenariat pour la paix de l’Alliance, en 1994.

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