Selon le Pentagone, il n’y a pas de preuve que les renseignements sur l’EI aient été sciemment manipulés

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En août 2015, un analyste civil de la Defense Intelligence Agency (DIA), l’agence de renseignement du Pentagone, affirma que des rapports sur l’EI avaient été « retravaillés » par les responsables de l’US CENTCOM, le commandement en charge de l’Asie centrale et du Moyen-Orient, afin enjoliver la situation en Irak et en Syrie. En clair, les effets de la campagne militaire contre l’organisation jihadiste auraient été volontairement surestimés.

Puis 50 autres analystes du renseignement, travaillant au quartier général de l’US Centcom, à Tampa Bay (Floride) cosignèrent une plainte pour dénoncer la manipulation de leurs rapports et leurs conditions de travail, évoquant une « pression politique constante » et une ambiance « stalinienne ».

Cette accusation donna lieu à l’ouverture d’une enquête par l’Inspecteur général du Pentagone. Et le Congrès s’intéressa de cette affaire. En août 2016, il rendit un rapport confirmant les allégations des analystes de la DIA.

« Les faits sur le terrain ne correspondaient pas aux renseignements » donnés par l’US Centcom, affirma, à l’époque, Mike Pompeo, alors représentant républicain du Kansas, maintenant devenu chef de la CIA. « Ceux qui se servaient de ces renseignements ont eu constamment une vision un peu trop rose des succès opérationnels américains contre l’EI », avait-il ajouté.

Selon ce rapport parlementaire, 40% des analystes auraient subi des pressions « pour déformer ou supprimer des renseignements durant l’année passé ». Le Pentagone n’avait pas explicitement réagi à ces conclusions étant donné que l’enquête de son Inspecteur général était encore en cours.

Mais cette dernière a finalement été rendue partiellement publique le 1er février [.pdf]. Et le moins que l’on puisse dire est qu’elle ménage la chèvre et le choux. Ainsi, le rapport de l’Inspecteur général ne nie pas que les renseignements sur la situation de l’EI en Irak et en Syrie ont été édulcorés. Mais « il n’y avait pas de distorsion systématique ou intentionnelle », a-t-il conclu.

En revanche, le document pointe la responsabilité de l’encadrement, et en particulier celle du général Steven Grove, qui dirigeait, à l’époque, le renseignement au sein de l’US Centcom. Décrit comme « perfectionniste » et « ennemi du risque », il aurait laisser s’installer une ambiance incitant les analystes à « s’autocensurer » afin de ne pas « présenter des évaluations qu’ils croyaient être en contradiction avec la perception de leurs reponsables ».

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