Les résultats des frappes aériennes contre l’EI ont-ils été volontairement surestimés?

usnavy-20140812

Le 15 mai dernier, lors d’une téléconférence avec la presse, le général américain Thomas D. Weidley avait estimé que la stratégie appliquée par la coalition internationale pour vaincre l’État islamique (EI ou Daesh) était « sur la bonne voie ». Sauf que, deux jours plus tard, l’organisation jihadiste s’emparait des villes de Ramadi en Irak et de Palmyre en Syrie…

Certes, l’EI avait précédemment subi quelques revers, notamment à Tikrit, ville reprise par les forces irakiennes, avec le concours de milices chiites appuyées par l’Iran. Et, dans le nord de la Turquie, les jihadistes venaient d’échouer dans leur tentative de conquérir Kobané, vaillamment défendue par les combattants kurdes de l’YPG.

A priori, l’EI a donc su conserver du potentiel militaire, lequel, après un an de frappes aériennes, devrait avoir été très amoindri si l’on se fie aux rapports quotidiens de l’US Centcom, le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l’Asie centrale.

Or, pour un analyste civil de la Defense Intelligence Agency (DIA), l’agence de renseignement du Pentagone, les résultats annoncés par l’US Centcom serait surestimés, voire « retravaillés » avant d’être transmis à la Maison Blanche et à différents responsables politiques.

Aussi, selon le New York Times, qui cite des sources « proches du dossier », une enquête a été ouverte par l’inspecteur général du Pentagone pour vérifier les allégations de cet analyste du renseignement, qui a en outre affirmé que ses accusations étaient fondées sur des preuves.

Qui plus est, le journal rapporte que, d’après des responsables ayant eu accès à des évaluations classifiés et récentes de la DIA, l’EI aurait été finalement « peu affaibli » par la campagne aérienne commencée il y a un an, avec des effectifs restés stables. En outre, l’organisation jihadiste a étendu son influence en Afrique du Nord et en Asie centrale.

« L’inspecteur général a la responsabilité d’enquêter sur toutes les allégations formulées. Nous saluons et soutenons cette surveillance indépendante », a commenté le colonel Patrick Ryder, le porte-parole de l’US Centcom.

Par le passé, les analyses de la DIA, qui avait pressenti l’émergence de l’EI, ont souvent été ignorées. « Pendant la guerre du Vietnam », elle « avait averti à plusieurs reprises qu’une campagne militaire soutenue ne parviendrait probablement pas à vaincre les forces nord-vietnamiennes. Mais (…) ses conclusions furent maintes fois mises de côté par des chefs qui étaient convaincus que les États-Unis allaient gagner et que la victoire était juste une question de rapport de forces », rappelle le New York Times.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]