La coopération entre États membres de l’UE dans le domaine de la défense doit être « la norme »

mogherini-20140831Il aura fallu un an à Federica Mogherini, Mme le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la sécurité, pour rédiger la cinquantaine de pages portant sur la nouvelle stratégie de politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne (UE).

Ce document de référence, le premier depuis 2003, a été présenté le 28 juin à l’occasion d’un Conseil européen dominé par le Brexit, c’est à dire la sortie de l’UE du Royaume-Uni, seule vraie puissance militaire des 28 avec la France.

Jusqu’à présent, l’UE mettait surtout l’accent sur le « soft power » en matière de politique étrangère et de sécurité. Désormais, si l’on en croit ce texte, c’est terminé.

« L’Union européenne a toujours été fière de son ‘soft power’ et elle continuera à l’être car nous sommes les meilleurs dans ce domaine. Cependant, l’idée que l’Europe est exclusivement un ‘pouvoir civil’ ne rend pas justice à une réalité en constante évolution. Par exemple, l’Union européenne est engagée dans 17 opérations militaires et civiles, avec des milliers d’hommes et de femmes qui servent sous le drapeau européen pour la paix et la sécurité – notre propre sécurité. Pour l’Europe, le soft power et le hard power vont main dans la main », peut-on lire.

Dans un premier temps, le document définit les intérêts et les principes communs des États membres.

Ainsi, il est écrit que l’UE « favorisera la paix et garantira la paix de ses citoyens et de son territoire ». Et de souligner que, désormais, la sécurité intérieure est désormais plus étroitement liée à la sécurité extérieure.

Toujours au sujet des principes, il est question de favoriser la « résilience » des démocraties européennes (car pour Mme Mogherini, « être en permanence fidèle à nos valeurs déterminera notre crédibilité et notre influence à l’extérieur »), d’oeuvrer avec pragmatisme, c’est à dire en fonction d’une « appréciation réaliste de l’environnement stratégique actuel », en faveur d’un ordre mondial fondé sur des règles et de nouer un dialogue avec « les autres parties prenantes »

En plein Brexit, le texte appelle aussi les États membres à l’unité car « seul le poids combiné d’une véritable union a le potentiel d’apporter sécurité, prospérité et démocratie » aux citoyens et « d’exercer une influence positive sur le monde ».

Enfin, l’UE devra être « guidée par un sens de responsabilité », ce qui passera par des « mesures à l’échelle mondiale afin de nous attaquer aux causes profondes des conflits et de la pauvreté, et de défendre les droits de l’homme ». Et cette responsabilité ira de pair « avec un réaménagement de nos partenariats extérieurs », en fonction des valeurs et des intérêts européens.

Voilà pour le « soft power », qui paraît donc insuffisant au regard des défis sécuritaires que l’UE doit relever. Parmi ces derniers, le texte cite « le terrorisme, les menaces hybrides, l’instabilité économique, le changement climatique et l’insécurité énergétique ». Aussi, y est-il estimé, « un niveau approprié d’ambition et d’autonomie stratégique est important si l’on veut que l’Europe puisse promouvoir la paix et la sécurité à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières ».

Pour cela, le document prône une intensification des « efforts en matière de défense, de lutte contre le terrorisme, d’énergie et de communications stratégiques ainsi que pour ce qui est du cyberespace. » Et les États membres devront traduire leurs engagements en matière d’assistance mutuelle (…) consacrés par les traités en actes concrets. »

En outre, l’Union européenne va intensifier « sa contribution à la sécurité collective de l’Europe, en étroite coopération avec ses partenaires, à commencer par l’Otan. »

Dans le même temps, selon Mme Mogherini, « il est urgent d’investir dans la sécurité et la défense » car « tout l’éventail des capacités de défense est nécessaire pour faire face aux crises extérieures, renforcer les capacités de nos partenaires et pour garantir la sécurité de l’Europe. »

En outre, s’il souligne que les « États membres conservent leur souveraineté dans leurs décisions relevant du domaine de la défense » (exit, donc, l’armée européenne), le document encourage vivement la coopération dans le domaine militaire. Une coopération qui « doit devenir la norme. »

« L’UE encouragera systématiquement la coopération en matière de défense et s’efforcera de créer une solide industrie européenne de la défense, laquelle est essentielle pour garantir l’autonomie de décision et d’action de l’Europe », insiste-t-il.

Enfin, cette stratégie plaide pour une politique de sécurité et de défense commune plus réactive, grâce à un « de la coopération entre les États membres, qui pourrait conduire à une forme plus structurée de coopération, en exploitant pleinement les possibilités offertes par le traité de Lisbonne. » Même chose pour la politique de développement, qui doit être « plus souple » et « alignée sur les priorités stratégiques » de l’UE.

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