Syrie : Les forces russes ont installé une base opérationnelle avancée à Palmyre

D’après des documents transmis par des déserteurs de l’État islamique (EI ou Daesh) à la chaîne de télévision britannique SkyNews, le régime de Bachar el-Assad et l’organisation jihadiste auraient passé des accords de « coopération » ainsi que des échanges commerciaux au cours de ces dernières années.

Et l’un de ces accords concerne Palmyre, où il aurait été convenu d’un retrait des armes de l’EI de cette ville avant l’offensive des troupes gouvernementales syriennes, appuyées par le Hezbollah libanais et les forces russes. Vrai ou faux?

Pour la chaîne britannique, la véracité de ces documents « est impossible à vérifier » mais les précédents obtenus par sa source se sont révélés authentiques. L’argument est sans doute un peut court mais il n’en reste pas moins que les relations entre le régime d’Assad et la mouvance jihadiste ont été ambigües par le passé, notamment lors de l’intervention militaire en Irak entre 2003 et 2011. « Il peut prendre 20 ans avant que nous sachions exactement ce qui se passe » en Syrie, a résumé le Dr Afzal Ashraf, du Royal United Services Institute (RUSI), un centre de réflexion londonien.

Quoi qu’il en soit, l’EI n’occupe plus Palmyre et il a même été possible d’organiser, la semaine passée, au milieu des vestiges de la cité antique, un concert de musique classique dirigé par le chef d’orchestre russe Valéri Guerguiev. Et cela devant une centaine de journalistes transportés sur les lieux sous bonne escorte. Au niveau du symbole (la civilisation qui chasse la barbarie), il aurait été difficile de faire mieux.

Cela étant, la présence russe à Palmyre ne s’est pas limitée à des musiciens. Car, depuis que l’EI en a perdu le contrôle, les forces russes y ont établi une base opérationnelle avancée, laquelle se situerait entre le château « Fakhr-al-Din al-Ma’ani » et le site antique. Du moins, c’est que suggère une vidéo diffusée le 7 mai par l’AFP.

Sur les images, l’on peut en effet remarquer des tentes, des bâtiments préfabriqués et des conteneurs ainsi que des antennes pour les communications par satellite [voir la capture d’écran ci-dessous].

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A priori, cette base est protégée par un système de défense aérienne de courte à moyenne portée Pantsir S-1, capable de suivre simultanément jusqu’à 20 cibles. Pourquoi cet équipement a-t-il été déployé, sachant que les jihadistes ne présentent aucune menace aérienne?

En outre, l’on peut voir, toujours sur cette vidéo de l’AFP, plusieurs véhicules blindés de transport de troupes de type BTR-80. Appartiennent-ils à l’unité du génie russe qui a été chargée de déminer le secteur de Palmyre après le départ des jihadistes? Peut-être…

A priori, cette base opérationnelle avancée n’a pas dissuadé l’EI de lancer une offensive dans le secteur. Selon l’Observateur syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui dispose d’un réseau d’observateur dans le pays (et c’est pour cette raison que ses informations sont reprises), les jihadistes ont été « capables de couper la route entre Homs et Palmyre près de l’aéroport militaire de Tayfur suite à une attaque lancée à partir de l’est de Homs. »

« Il y a de violents combats entre les forces du régime et Daesh » et les jihadistes « encerclent Palmyre de tous les côtés sauf au sud-ouest » a-t-il ajouté, avant de préciser que l’EI n’était qu’à 10 km de la ville.

Pour rappel, les forces russes occupent plusieurs bases en Syrie. Outre celles de Tartous et de Hmeimim, où sont déployés leurs avions de combat, l’on compte aussi celles d’Al-Shayrat et de Tiyas, à partir desquelles opèrent leurs hélicoptères d’attaques Mi-28, Ka-52 et Mi-35.

 

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