Vers un contrôle systématique de toute cargaison en provenance ou à destination de la Corée du Nord?

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Après l’essai d’une « bombe thermonucléaire » (mais qui est propablement une bombe atomique à effet dopé) et le lancement d’une fusée pour mettre en orbite le satellite Kwangmyong 4, la Corée du Nord doit s’attendre à un renforcement des sanctions internationales dont elle fait l’objet pour ses activités nucléaires et balistiques.

Seulement, pour cela, une nouvelle résolution votée par le Conseil de sécurité des Nations unies est nécessaire. Et c’est bien là le problème car il faut arriver à un consensus entre les cinq membres permanents (France, États-Unis, Royaume-Uni, Russie, Chine), qui disposent chacun d’un droit de veto. Et comme Pyongyang est proche de Pékin et de Moscou, la tâche est compliquée.

Cependant, le 25 février, les États-Unis et la Chine ont trouvé un accord sur un projet de résolution « allant plus loin que les précédentes résolutions » étant donné qu’il n’est pas question pour ces deux pays de voir « la Corée du Nord comme un Etat disposant de l’arme nucléaire. »

Du coup, Washington vient de soumettre au Conseil de sécurité un texte détaillant un ensemble de sanctions et de mesures d’une ampleur inédite depuis « plus de 20 ans », à en croire Samantha Power, la représentante américaine auprès des Nations unies.

Ainsi, ce projet de résolution prévoit un embargo total sur les armes conventionnelles ainsi qu’un renforcement des sanctions financières et bancaires imposées à Pyongyang. Il est également question d’imposer des restrictions à l’exportations de certains minerais (charbon, or, titane, etc) et d’interdire la livraison de carburant pour avions et fusées.

Mais ce n’est pas tout. Car ce projet de résolution a un volet plus coercitif étant donné qu’il devrait imposer une inspection systématiques de toutes les cargaisons en provenance ou à destination de la Corée du Nord. Ce qui supposerait donc une mobilisation de navires militaires pour intercepter et contrôler tout bateau suspect.

Les navires nord-coréens « soupçonnés de transporter des produits illicites » n’auront plus le droit de faire escale dans des ports étrangers, a encore précisé Mme Power, pour qui ces sanctions, si elles sont adoptées (et surtout appliquées) mettront une « pression beaucoup plus importante » que les résolutions précédentes sur le régime de Pyongyang.  Elles « enverront un message sans ambiguïté au régime nord-coréen : le monde n’acceptera pas votre prolifération (…), nous travaillerons sans relâche et de manière collective pour stopper votre programme nucléaire », a-t-elle fait valoir.

L’efficacité des mesures contenues dans cette résolution (dans le cas où elle serait adoptée) reposera évidemment sur la volonté d’appliquer ces dernières. Or, par le passé, la Chine a plus ou moins fermé les yeux sur certains trafics… Des avions reliant Téhéran à Pyongyang, chargés de matériels sensible, ayant fait escale à Pékin sans être inquiétés le moins du monde… Et cela, malgré les résolutions de l’ONU.

Toutefois, une Corée du Nord disposant d’une capacité balistique avancée et de l’arme nucléaire plaiderait en faveur du déploiement, en Corée du Sud, d’une défense antimissile basée sur le système THAAD. Or, Pékin et Moscou voient cette perspective d’un très mauvais oeil étant donné qu’elle porterait atteinte à la crédibilité de leurs forces stratégiques respectives.

En attendant le vote du Conseil de sécurité sur ce texte, les États-Unis préparent activement, comme chaque année, des exercices militaires conjoints « défensifs » avec la Corée du Sud, basés sur un scénario de conflit avec Pyongyang. Ainsi, l’édition 2016 des manoeuvres Key Resolve et Foal Eagle, compteront 4 fois plus de militaires américains que par le passé (15.000 contre 3.700)

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