Les flux de données des drones israéliens piratés par les services de renseignement américains et britanniques

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Selon des documents mis en ligne par le site The Intercept, le Government Communications Headquarters (GCHQ), le service  britannique chargé de collecter le renseignement électronique, et son homologue américain, la NSA (National Security Agency) ont, pendant des années, intercepté les flux vidéos obtenus par les drones utilisés par l’armée israélienne.

Lancée en 1998, l’opération « Anarchist » a ainsi mobilisé des infrastructures de la Royal Air Force (RAF) installées dans le massif du Trodoos, à Chypre, ainsi qu’un site de la NSA implanté dans  le nord de la Grande-Bretagne.

Le site de Troodos « a longtemps été considéré comme un ‘joyau de la couronne’ par la NSA car il offre un accès unique au Levant, en Afrique du Nord, et la Turquie », souligne ainsi The Intercept, qui, pour cette révélation, s’est appuyé sur des documents diffusés par Edward Snowden, un ex-consultant de la NSA actuellement réfugié en Russie.

Les drones communiquent avec leurs stations de contrôle par satellite. Ainsi, les antennes installées à Troodos ont capté la « liaison descendante » (du drone vers la station de contrôle) après avoir déterminé les fréquences utilisées.

A priori, tous les modèles de drones israéliens ont été visés par l’opération Anarchist. Même ceux de fabrication iranienne utilisés par le Hezbollah (des Ababil III), mais dans une moindre mesure.

Les services britanniques et américains ont ainsi pu avoir accès aux informations obtenues par les drones israéliens au cours de leurs missions au-dessus de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et de l’Iran.

La crainte de l’administration Obama était, à une certaine époque (et même sans doute encore aujourd’hui) de voir Israël bombarder les infrastructures nucléaires iraniennes. Aussi, l’opération Anarchist a permis de surveiller de près les mouvements des drones israéliens.

« Notre capacité à recueillir et à suivre » les drones israéliens est « importante pour la détection initiale de toute frappe préventive ou de rétorsion potentielle contre l’Iran », indique en effet un document du GCHQ évoqué par The Intercept. En outre, l’opération Anarchist a constitué « l’un des seuls moyens pour fournir des informations dans la minute pour soutenir une opération alliée dans la région », a-t-il été aussi affirmé.

Outre les drones, les analystes britanniques et américains ont même pu avoir accès aux données d’un F-16 israélien engagé dans l’opération Plomb durci (novembre 2008), comme s’ils étaient à la place du pilote.

« Cibles potentielles, objectifs, priorités, (…) les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont profité des impressionnantes capacités israéliennes en terme de renseignement et ont vu tout ce qu’Israël voyait », a résumé le quotidien Yediot Aharonot.

Toutefois, la qualité des images obtenues n’est pas toujours très bonnes, en raison des systèmes de brouillage israéliens. Ces derniers ont pu visiblement être contournés par un logiciel open-source appelé AntiSky.

Le ministère israélien des Affaires étrangères n’a pas souhaité commenter ces révélations. Pas plus que Tsahal. Toutefois, Yuval Steinitz, le ministre de l’Énergie, qui eu aussi à s’occuper de celui du Renseignement, a dit ne pas être surpris.

« Nous savons que les Américains espionnent tout le monde, même nous, leurs amis », a-t-il déclaré à la radio militaire israélienne. « C’est néanmoins décevant parce que depuis des décennies, nous n’avons pas espionné ou rassemblé des informations aux Etats-Unis », a-t-il ajouté.

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