Syrie : Le Pentagone va envoyer des avions de supériorité aérienne en Turquie

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Il y a quelques jours, le général Philip Breedlove, qui est à la fois  commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR) et le chef de l’US European Command (US EUCOM), a annoncé l’envoi prochain d’un détachement d’avions F-15 à Incirlik, en Turquie.

Alors qu’Ankara a fait état, au début du mois dernier, de de l’intrusion d’avions russes (voire syriens) dans son espace aérien, ce qui a donné lieu à de vives protestations et à un rappel des règles d’engagement de l’aviation turque, le général Breedlove a expliqué, sans autres détails, que ce déploiement de F-15 visait à « aider » la Turquie, pays membre de l’Otan, « à protéger son espace aérien ». Est-ce la seule raison?

Le 30 octobre, le Pentagone a livré quelques précisions sur ses plans. Ainsi, il a indiqué qu’il comptait envoyer une « douzaine » d’appareils à Incirlik. Détail important : ce détachement serait composé d’un « mix » de F-15C Eagle et de F-15E Strike Eagle.

Or, le F-15E est un appareil disposant d’une capacité multirôles (et de frappe, comme son nom l’indique), dérivé du F-15C, lequel a été conçu uniquement pour assurer des missions de supériorité aérienne avec ses missiles AIM-120 AMRAAM et 4 AIM-9 Sidewinder.

À l’instar des Russes, qui ont envoyé en Syrie au moins 4 avions – certes multirôles – Su-30 SM dans le cadre de leurs opérations aériennes visant à soutenir Damas, les États-Unis vont donc mettre en oeuvre des avions strictement dédiés à la supériorité aérienne alors que les groupes jihadistes comme l’État islamique (EI ou  Daesh) ne disposent d’aucune aviation.

Seulement, ces F-15C auront certainement à accompagner les raids d’avions d’attaque A-10C Thunderbolt II (ou Warthog), dont 12 exemplaires ont été envoyés à Incirlik il y a deux semaines. Ces appareils sont spécialisés dans l’appui aérien rapproché et seront très probablement amenés à fournir un soutien aux groupes rebelles syriens au contact avec les jihadistes de l’EI.

Or, pour que les A-10C puissent intervenir, il faut que la maîtrise du ciel soit assurée. Ce qui n’est pas le cas en Syrie : l’aviation syrienne a encore quelques restes et il faut désormais compter avec les avions de combat russes. D’où l’initiative d’envoyer en Turquie ces F-15C, lesquels n’ont, au passage, jamais été engagés dans les opérations américaines en Afghanistan. Leur présence aux côtés des Warthog devrait ainsi éviter tout incident ou méprise…

De leur côté, les Russes ne sont pas en reste non plus. Outre leurs SU-30 SM, ils ont installé des systèmes antiaériens sur la base qu’ils occupent dans la province de Lattaquié. Et le le commandant des forces aérospatiales russes, le général Viktor Bondarev, en a donné les raisons.

« Nous avons calculé toutes les menaces possibles. Nous avons envoyé des avions de chasse, des bombardiers, des hélicoptères mais aussi des systèmes de missiles antiaériens », a-t-il dit dans un entretien accordé au quotidien Komsomolskaïa Pravda. « Il peut y avoir plusieurs cas de force majeure. Imaginons qu’un avion militaire soit capturé dans un territoire voisin de la Syrie et dirigé contre nous. Nous devons être prêts à ça », a-t-il fait valoir.

Par ailleurs, le général Bondarev a donné des détails sur un cas d’intrusion dans l’espace aérien turc d’un des avions russes.

Ainsi, selon dernier, il aurait été accroché « des systèmes de défense antiaérienne au sol » alors qu’il évoluait dans le nord de la Syrie. « Le temps était nuageux, il a du faire une manoeuvre d’évitement en quelques secondes. Il a un peu volé dans le ciel turc, nous l’avons reconnu honnêtement », a-t-il poursuivi. Or, jusqu’à présent, Moscou avait seulement mis en avant de « mauvaises conditions climatiques » pour expliquer cette brève incursion dans l’espace aérien de la Turquie.

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