D’ici la fin de l’année, la Russie va déployer 40 nouveaux missiles balistiques intercontinentaux

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Le président Vladimir Poutine a annoncé, le 16 juin, à l’occasion du forum militaire international Armée-2015, un renforcement des forces stratégiques russes avec le déploiement, cette année, de 40 nouveaux missiles balistiques intercontinentaux « capables de résister aux systèmes de défense antiaérienne les plus sophistiqués » ainsi que la mise en service prochaine du « Vladimir Monomaque », un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) de classe Boreï, doté de 16 tubes de lancement verticaux.

« C’est le complexe militaro-industriel qui doit (…) rester la locomotive de l’innovation technologique, dont celles à double finalité [militaires et civiles …] dans les domaines telles que l’énergie, la machinerie, les communications, les ordinateurs », a en outre ajouté le maître du Kremlin.

Depuis plusieurs années, la Russie développe de nouveaux missiles balistiques en vue de moderniser ses forces stratégiques, dont le Topol M (SS-27 Sickle B1), le RS-24 Iars ( SS-X-29), dérivé du premier, le RS-26 Rubezh, le RSM-56 Boulava (SS-NX-30) et le R-29RMU2 Layner, destinés aux SNLE et, plus récemment, le Sarmat, qui doit remplacer, d’ici 2020, le RS-36M Voïevoda (SS-18 « Satan »).

Aussi, l’annonce du président Poutine ne constitue pas une réelle surprise. En outre, la Russie est liée par le nouveau Traité de réduction des armes stratégiques (New Start), signé en 2010 et entré en vigueur l’année suivante. Ce texte limite les arsenaux arméricains et russes à 1 550 têtes nucléaires ainsi qu’à 800 vecteurs.

Cependant, plus tard, le chef du Kremlin a affirmé que la Russie « devait se défendre avec ses forces armées et sa force de frappe si elle est menacée, car l’Otan arrive à ses frontières », en faisant une allusion au projet américain de stocker en Europe de l’est et centrale des blindés et des chars [ndlr, même s’il a été évoqué récemment par la presse, il n’est pas nouveau : il en est question depuis novembre 2014], ainsi qu’à la réponse qu’envisage de donner Washington à la violation russe du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI).

La veille, le ministère russe des Affaires étrangères, via un communiqué, avait accusé les États-Unis d’encourager « soigneusement la peur de la Russie chez leurs alliés européens afin de tirer avantage de ce moment difficile et étendre davantage leur présence militaire et donc leur influence en Europe ». Une affirmation qui contredit la volonté affichée de Washington de se désengager, justement, du continent européen, pour mettre davantage de moyens vers la région Asie-Pacifique, considérée comme étant stratégique. L’affaire ukrainienne a changé la donne.

« Si quelqu’un place sous la menace certains de nos territoires, nous devons pointer nos forces armées et notre force de frappe vers les territoires d’où vient la menace », a fait valoir M. Poutine, lors d’une rencontre avec Sauli Niinisto, son homologue finlandais. Des propos qui ont l’air d’une mise en garde à l’égard de la Finlande, où il y a un débat sur l’opportunité d’un rapprochement avec l’Alliance atlantique en raison du regain de l’activité militaire russe dans le Grand Nord.

« C’est l’Otan qui arrive à nos frontières et non pas nous qui allons quelque part », a encore insisté M. Poutine, avant de relativiser. « Il ne faut rien exagérer. Bien sûr, nous allons analyser tout cela de près, mais pour l’instant je ne vois rien de particulièrement alarmant. Ce sont plutôt des signaux politiques qui sont adressés à la Russie et à ses alliés », a-t-il estimé.

Cela étant, le renforcerment des forces nucléaires russes annoncé par M. Poutine a été fraîcement accueilli par Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Otan. « C’est injustifié, c’est déstabilisant et dangereux », a-t-il commenté, lors du point presse à Bruxelle.

« La déclaration de M. Poutine aujourd’hui confirme (…) le comportement de la Russie depuis un moment déjà. Nous avons vu que la Russie investit davantage dans la défense en général, et en particulier dans les capacités nucléaires », a affirmé M. Stoltenberg. « Ils s’entraînent plus, ils développent de nouvelles capacités nucléaires et utilisent davantage une rhétorique nucléaire (…) Nous sommes en train d’y répondre. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous augmentons la rapidité et l’état de préparation de nos forces », a-t-il poursuivi.

En outre, M. Stoltenberg a justifié le prépositionnement d’équipements militaires sur les territoires des anciens pays membres du Pacte de Varsovie qui ont rejoint l’Otan. « Nous augmentons notre présence à l’est de l’Alliance en réponse à un environnement sécuritaire nouveau », a-t-il expliqué. « Tout ce que nous faisons est conforme à nos obligations internationales », a-t-il assuré.

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