Le général de Villiers salue l’abnégation des militaires engagés dans l’opération Sentinelle

Lancée après les attentats commis les 7 et 9 janvier à Paris, l’opération Sentinelle a rapidement mobilisé plus de 10.000 militaires afin de venir en appui aux forces de sécurité intérieures dans le cadre du plan Vigipirate renforcé.

Cette mission, a expliqué le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, lors d’une intervention à l’Assemblée nationale, « a été confiée aux forces armées parce qu’elle concerne la sécurité globale du pays » et qu’il y a une « continuité entre protection intérieure et protection extérieure ». Aussi, « il faut une armée professionnelle pour répondre aux risques et aux menaces auxquels la France est confrontée ».

Le ministre a ensuite insisté sur le fait que les militaires engagés dans cette opération « ne sont pas des supplétifs qui font le planton (…) pour venir en appui aux gendarmes et aux policiers ». Et cela alors que, de l’aveu même de M. Le Drian, les « conditions d’accueil dans la région parisienne ne sont pas toujours excellentes ».

Quoi qu’il en soit, cette opération est appelée à s’inscrire dans la durée, avec un format de 7.000 militaires fournis essentiellement par l’armée de Terre. Cette situation a conduit à revenir le rythme des déflations de postes du ministère de la Défense tel qu’il était prévu par la Loi de programmation militaire (LPM) et à porter les effectifs de la Force opérationnelle terrestre (FOT) de 66.000 à 77.000 hommes.

D’où le projet d’actualisation de la LPM en cours d’examen au Parlement pour tenir compte de la nouvelle donne. Cette pression moindre sur les effectifs est la bienvenue car au vu de la mobilisation de 7.000 hommes, la situation n’est pas tenable dans la durée.

« L’emploi de ce volume de troupes déséquilibre actuellement les armées, et singulièrement l’armée de terre : la préparation opérationnelle a été réduite, des engagements internationaux ont été annulés, des relèves modifiées ; en outre, des soldats ont eu leurs permissions diminuées, voire supprimées, certains entamant en ce moment leur troisième rotation, ce qui correspond parfois à douze semaines d’engagement – sur seize – depuis la mi-janvier », a ainsi expliqué le général Pierre de Villiers, le chef d’état-major des armées (CEMA), lors de son audition devant les députés de la commission de la Défense.

« C’est considérable », a-t-il fait valoir. « Qui assumerait cette charge sans faire valoir ses droits individuels? », a-t-il ensuite demandé. Pour rappel, certains policiers des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) se sont fait porter pâles pour protester contre le rythme de travail imposé par le plan Vigipirate renforcé. Bien leur en a pris puisqu’ils ont obtenu une revalorisation de leur indemnité journalière d’absence temporaire, laquelle, il est vrai, n’avait pas été augmentée depuis 13 ans.

« Nos militaires, ces jeunes Français que vous croisez dans Paris et dans vos circonscriptions, le font sans se plaindre », a souligné le général de Villiers. « C’est mon devoir de vous le dire : ils méritent la reconnaissance de la Nation, ils méritent en tout cas les moyens de leurs missions – c’est un minimum. Les armées n’ont pas de syndicat ; leur seul syndicat, c’est la voix de leurs chefs et donc, en l’occurrence, aujourd’hui, devant vous : la mienne », a-t-il poursuivi.

Et d’insister, toujours au sujet des effectifs : « Le volume de forces engagées sur le territoire national s’ajoute en effet à celui en opérations extérieures, dans le cadre des missions permanentes, aux forces de présence et de souveraineté. Au total, à l’heure où je vous parle, environ 37.000 soldats sont déployés dans ces missions et dans la durée – je prends ici en compte, bien sûr, les missions de protection. On ne peut pas aller au-delà sous prétexte que les militaires ne se plaignent pas ».

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