L’État islamique appelle au meurtre de 100 militaires américains

Selon SITE, le centre de surveillance des activités jihadistes sur Internet, la « Division des hackers » de l’État islamique (EI ou Daesh) a diffusé un appel au meutre de 100 militaires américains en publiant leurs noms et adresses ainsi que des photographies.

« Grâce à l’énorme quantité de données que nous avons obtenues de différents serveurs et bases de données, nous avons décidé de communiquer 100 adresses afin que nos frères résidant en Amérique puissent s’occuper de vous », a fait savoir le groupe jihadiste avant d’exhorter ses sympathisants à passer à l’action.

« Maintenant que nous vous avons facilité la tâche en vous donnant les adresses, tout ce que vous avez à faire est de franchir le dernier pas, alors qu’est-ce que vous attendez? », a-t-il en effet écrit.

Ainsi, l’EI prétend avoir piraté des systèmes informatiques de l’armée américaine pour obtenir des informations sur ces militaires, qui, prétend-il, sont impliqués dans la coalition internationale emmenée par les États-Unis pour lutter contre le groupe jihadiste en Irak et en Syrie.

Aux États-Unis, l’affaire est évidemment prise au sérieux et le FBI ainsi que le Pentagone ont ouvert une enquête. Cela étant, les renseignements concernant les militaires visés par l’EI ont pu être collectés via des sources ouvertes (réseaux sociaux, médias, sites officiels) sans avoir besoin de pirater des serveurs gouvernementaux. C’est du moins ce qu’ont prétendu des responsables américains sollicités par le New York Times.

En outre, d’après le quotidien, des militaires de la liste en question n’ont pas participé aux opérations contre l’EI. « Par exemple, la liste comprend des membres d’équipage de B-52 [ndlr, bombardier stratégique] stationnés en Louisiane et dans le Dakota du Nord alors que la campagne aérienne n’a pas recours à ces bombardiers »,  lui a indiqué un responsable du Pentagone.

Les réactions à la diffusion de cette liste sont par ailleurs mitigées. Commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), le général américain Philip Breedlove l’a relativisée. « Sur affaire de la publication par l’EI de ces informations, ma question est : pourquoi devrions-nous nous attendre à moins, ou à quelque chose de différent? », a-t-il dit lors d’un débat organisé à Bruxelles par l’institut américain German Marshall Fund.

« Il s’agit juste d’un moyen sensationnaliste de plus. Nous avons vu ces derniers mois que, chaque fois qu’ils enregistrent une défaite sur le champ de bataille, ou qu’ils sont mis sous pression sur le champ de bataille, ils sortent un gros truc pour faire sensation », a poursuivi le général Breedlove. « Ce califat est, je pense, mis sous une grande pression et donc ils essaient d’éloigner l’attention de ce qui se passe sur le champ de bataille en ayant recours à l’un de ces gros trucs », a-t-il ajouté.

Un temps pressentie à la tête du Pentagone dont elle a été le numéro 3 avant de présider le Center for a New American Security , Michèle Flournoy, qui a pris part au même débat, a exprimé une position différente. « Je pense que nous sommes tous inquiets de lire ces informations », a-t-elle estimé. Et d’ajouter : « Je pense que cela montre quels types de tactiques ils utiliseront et que nous devons nous y préparer, tant en termes de protection de nos personnels, mais aussi en faisant le travail très important avec les communautés dans nos pays pour faire en sorte que le processus de radicalisation ait moins de chances de réussir ».

Même chose pour le commandemment de l’US Marine Corps. « La vigilance et la protection de la force restent une priorité pour les commandants et leurs personnels », a fait savoir le lieutenant-colonel John Waldwell, dans un communiqué publié le 22 mars. « Il est recommandé aux Marines et membres de leurs familles de vérifier leurs profils en ligne afin de (…) limiter l’accès aux informations personnelles », a-t-il ajouté.

En octobre 2014, l’Army Threat Integration Center (ArTIC) avait diffusé de semblables recommandations. « L’EI a appelé ses militants isolés aux États-Unis à utiliser les pages jaunes, les sites de médias sociaux comme Facebook, Lindedin et Twitter pour trouver les adresses de soldats, se présenter à leur domicile et les abattre », avait-il prévenu avant de mettre en garde contre l’attaque possibles de foyers de militaires.

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