Le président égyptien souhaite une intervention militaire internationale en Libye

alsissi-20150217

En décembre dernier, lors du Forum international sur la paix et la sécurité en Afrique, plusieurs chefs d’État africains estimèrent que l’essor des groupes jihadistes avait été facilité par la situation en Libye. Le président tchadien, Idriss Déby-Itno avait même demandé à l’Otan, mais aussi aux Nations unis, d’assurer le « service après-vente », suite à l’opération Unified Protector qui aida à mettre un terme au régime du colonel Kadhafi.

Pour les pays de la bande sahélo-saharienne, le danger vient en effet du sud de la Libye, où les groupes jihadistes, chassés du Nord-Mali par les forces françaises en 2013, ont trouvé refuge. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, parle même de « hub terroriste ».

Les mouvement terroristes profitent, en effet, du chaos politique en Libye, où l’on compte deux gouvernements et autant de Parlements et où libéraux et islamistes s’affrontent. C’est ainsi que l’État islamique (EI) a pris pied à Derna, ville qui, située dans l’est, était déjà connue pour être un bastion jihadiste du temps du colonel Kadhafi, et étend progressivement son influence. Ou du moins le champ de ses opérations.

Là, c’est l’Égypte qui se trouve directement menacée, avec, en plus, l’activisme, dans le Sinaï, du groupe Ansar Beit al-Maqdis, lequel a fait allégeance à l’EI. Aussi, le pays prend une place centrale dans la lutte contre les jihadistes, d’autant plus que ces derniers tendent à gagner du terrain.

Un temps boudé par les Occidentaux – et les États-Unis en particulier – pour avoir destitué le président Morsi, qui, issu des Frères musulmans, était devenu très impopulaire, et engagé une féroce répression contre les partisans de ce dernier – le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi est ainsi devenu incontournable. Et il l’est devenu davantage avec ce qu’il se passe en Libye, où l’EI a décapité 21 chrétiens égyptiens tout en menaçant de conquérir Rome…

Le Caire n’a d’ailleurs pas tardé à réagir, en bombardant des positions jihadistes à Derna. En outre, il a été dit – mais rien ne le prouve – que l’Égypte apporte un soutien aux troupes de l’ex-général libyen Khalifa Haftar, lesquelles se battent à la fois contre les milices islamistes de Fajr Libya et les groupes jihadistes implantés en Cyrénaïque.

Cela étant, lors d’un entretien accordé ce 17 février à Europe1, le président al-Sissi a estimé nécessaire une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies autorisant une intervention militaire internationale en Libye. « Il n’y a pas d’autre choix. En prenant en compte (le fait) que le peuple libyen soit d’accord et nous appelle pour agir pour rétablir la sécurité et la stabilité », a-t-il dit.

« Le chaos qui règne en Libye ne menace pas seulement l’Égypte, pays voisin, mais aussi toute la région et l’Europe », a avancé le président al-Sissi. « . J’adresse ce message aux Européens, et aux Français en particulier. Quand j’ai rencontré le président français il y a quatre mois, je lui ai dit : ‘faites attention, ce qui se passe en Libye va transformer ce pays en un terreau qui va menacer l’ensemble de la région, pas uniquement l’Égypte mais aussi le bassin méditerranéen et l’Europe' », a-t-il rapporté.

« Il faut traiter ce problème, car la mission n’a pas été achevée par nos amis européens, lors de l’intervention qui a abouti à la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Nous avons abandonné le peuple libyen, prisonnier de milices extrémistes », a poursuivi le président égyptien. « Quand la situation en Libye s’est détériorée, nous avons dit qu’il y aurait un grand danger, pas seulement pour les Libyens mais pour les voisins et les Européens. Nous devons travailler ensemble pour battre le terrorisme », a-t-il encore plaidé.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]