Décès du physicien Jacques Bouchard, père du programme de simulation des essais nucléaires

bouchard-20150207Quand, en  septembre 1996, le France signa le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), après une ultime campagne de tests dans le Pacifique. Afin de garantir la pérennité de la force de frappe française, un programme de simulation fut alors mis en place. Et le physicien Jacques Bouchard, qui était à l’époque le patron de la Direction des applications militaire (DAM) du Commissariat à l’énergie atomique en fut l’architecte.

Ce docteur en physique nucléaire, diplômé de l’École Centrale Paris, s’est éteint à l’âge de 76 ans le 30 janvier dernier. Ce n’est que le 5 février que son décès a été annoncé par sa famille et la Société française d’énergie nucléaire (SFEN) dans le carnet du Figaro.

Avant de prendre les rênes de la DAM, Jacques Bouchard, était entré au CEA en 1964 en qualité d’ingénieur chercheur. En 1988, il fut nommé chef du Département de recherche physique, puis, 2 ans plus tard, de la Direction des réacteurs nucléaires (DRN). En 2000, il prit la Direction de l’énergie nucléaire, alors de création récente, jusqu’à son départ en retraite, en 2005.

En 1995, Jacques Bouchard s’était notamment impliqué dans la polémique visant l’ultime campagne française d’essais nucléaires. Dans une tribune publiée par Libération, il avait ainsi mis en avant la nécessité de cette dernière.

« Il nous faut aussi compléter les références et les données physiques qui permettront de développer au niveau nécessaire la simulation. C’est pourquoi la campagne prévue comprend des essais conçus comme de véritables expériences de physique, avec une instrumentation très complète, pour acquérir des données de base sur la sensibilité des résultats à certains paramètres. Des expériences de ce type étaient programmées, dès 1992, mais leur réalisation a été empêchée par le moratoire sur les essais », avait-il expliqué.

Désormais, le programme de simulation est sur les rails. Il repose sur le supercalculateur Tera 100 (capable d’effectuer un million de milliards d’opérations par seconde, soit 1 Pétaflops), le Laser Megajoule, qui permet de recréer en des conditions de température et de pression similaires à celles atteintes lors d’une fusion thermonucléaire, et la machine de radiographie Airix.

Ces équipements, certes coûteux, ne sont pas seulement utilisés pour les besoins de la dissuasion. « La simulation est nécessaire pour démontrer la performance et l’auto-sûreté des têtes nucléaires que nous mettrons en service au milieu de la décennie prochaine. Il faut donc poursuivre les efforts en matière de supercalculateurs, lesquels ne profitent pas uniquement à la dissuasion mais à l’industrie dans son ensemble », avait fait valoir Laurent Collet-Billon, le délégué général à l’armement (DGA), en mai 2014.

Par exemple, le développement de supercalculateurs demande des savoir-faire spécifiques, notamment dans le secteur des processeurs de bases et le Laser Mégajoule, inauguré en octobre dernier, profite aussi aux recherches académiques. En outre, son implantation en Gironde a permis la création d’un pôle de compétitivité (la « route des lasers »), qui réunit des industriels, des start-up et des laboratoires. Au moins 1.400 emplois ont été créés et 400 projets ont été lancés.

Photo : Jacques Bouchard, via le Pôle de l’industrie nucléaire

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