Le Hezbollah reconnaît avoir des missiles Fateh-110 dans son arsenal et menace Israël
Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah, a admis pour la première fois que la milice qu’il dirige disposait de missiles balistiques Fateh-110 fournis par l’Iran en 2006.
« Les missiles Fateh-110, d’une portée pouvant aller jusqu’à 300 km nous sont parvenus depuis longtemps, depuis 2006 », a ainsi affirmé Hassan Nasrallah, le 15 juin, lors d’un entretien accordé à la chaîne Al-Mayadeen. « Nous sommes plus forts que jamais », a-t-il dit.
Seulement, la version du missile Fateh-110 qui était disponible en 2006 avait une portée de seulement 250 km. Seules les troisième et quatrième générations de cet engin, dévéloppées respectivement en 2010 et en 2012, affichent la performance indiquée par le chef de la milice libanaise. Ce qui signifie que le Hezbollah en aurait reçu quelques exemplaires de la part de l’Iran.
Quoi qu’il en soit, Hassan Nasrallah n’a fait que confirmer ce que le Pentagone avait déjà affirmé il y a trois ans. Selon le renseignement militaire américain, le Hezbollah disposait, en 2012, de 50.000 engins balistiques, dont 40 à 50 Fateh-110 et une petite dizaine de Scud D, qui, d’une portée de 800 km, sont plus dangereux.
« Il y a des objectifs en Palestine occupée [ndlr, Israël] qui peuvent être visés avec un petit nombre de missiles. Nous possédons ces missiles (…) et n’hésiterons pas à les utiliser pour protéger notre peuple », avait d’ailleurs affirmé, en août de cette année-là, le chef du Hezbollah.
Cette fois, Hassan Nasrallah a directement menacé Israël pour les raids menés en Syrie contre les transferts d’armes en provenance d’Iran à destination du Hezbollah. L’aviation israélienne a en effet mené plusieurs frappes au cours de ces dernières année, dont une le 7 décembre dernier.
« Les raids répétés sur différents objectifs en Syrie constituent une grave violation », a en effet estimé Nasrallah. « Toute frappe contre des positions en Syrie vise tout l’axe de la Résistance [Syrie, Iran, Hezbollah, ndlr] et pas seulement la Syrie », a-t-il insisté. « Oui, cet axe pourrait décider de riposter (…) C’est son droit. Cela peut arriver à tout moment », a-t-il encore averti. Par le lancement de missiles sur Israël?
En outre, le chef du Hezbollah a renouvelé la menace qu’il avait faite en 2011 consistant à envahier la Galilée, c’est à dire le nord d’Israël. « Nous ne cherchons pas une nouvelle guerre (…) mais nous y sommes prêts. Si le commandement de la Résistance (Hezbollah) demande (à ses combattants) d’entrer en Galilée, ils doivent être prêts », a-t-il dit.
En 2006, l’armée israélienne avait été mise en difficulté par le Hezbollah, malgré un rapport de force qui lui était favorable. Et cela pour plusieurs raisons, comme l’inexpérience militaire du gouvernement Olmert, la méconnaissance de l’adversaire, la perte de certaines compétences, la confiance presque aveugle au tout aérien et au tout technologique ou encore défauts dans la logisitique et le soutien. Qu’en sera-il en cas d’une nouvelle confrontation?
« Depuis la Seconde Guerre du Liban en 2006, les hauts-gradés de Tsahal l’ont compris : le prochain affrontement avec le Hezbollah aura un tout autre visage. Les civils israéliens seront les cibles privilégiées de l’organisation terroriste chiite », explique l’armée israélienne, sur son site Internet.
Même si Israël dispose de système antimissile, le colonel Yoram Lardo s’est dit pessimiste lors d’un entretien publié par Tsahal. « Les tirs du Hezbollah seront beaucoup plus précis que ceux du Hamas, plus nourris, plus dangereux », a-t-il dit.
« Le Hezbollah a retenu sa leçon depuis 2006. Sa plus grande erreur s’est produite au début de la guerre. Les forces israéliennes ont frappé un site stratégique de l’organisation depuis lequel elle tirait ses missiles : les missiles Fajr du Hezbollah ont été détruits en une frappe de l’Armée de l’Air israélienne, au commencement de la guerre. Son arsenal avait alors été durement touché. Depuis 2006, le Hezbollah consacre donc son temps et ses efforts à reformer son arsenal. Aujourd’hui, nous savons que ses missiles peuvent atteindre tout le territoire israélien. Le Hezbollah sait que si il débute les hostilités par une salve de missiles, l’impact sera plus important », a encore expliqué le colonel Lardo.
