Irak : L’Union européenne soutient les livraisons d’armes aux combattants kurdes

Pour une fois, les États membres de l’Union européenne ont rapidement trouvé une position commune en matière de politique extérieure. En effet, réunis le 15 août à Bruxelles, les 28 ministres des Affaires étrangères se sont mis d’accord pour soutenir, comme le demandaient la France, l’Italie et le Royaume-Uni, les livraisons d’armes aux combattants kurdes (ndlr, les Peshmergas) qui sont en première ligne face aux jihadistes de l’État islamique (EI) qui cherchent à étendre leurs conquêtes dans le nord de l’Irak.

Cela ne veut pas dire que tous les pays membres de l’UE livreront des armes mais que ceux qui ont décidé de le faire seront soutenus par les autres.

« Nous avons trouvé une position commune qui, dans l’esprit dit la chose suivante : ‘l’UE salue le fait que certains pays vont répondre favorablement à la demande des forces de sécurité kurdes' », a ainsi expliqué Frank-Walter Steinmeier, le ministre allemand des Affaires étrangères, dont le pays a quelques réserves sur les livraisons d’armes. « Il n’est pas encore clair quels équipements sont utilisés et sont nécessaires », a-t-il cependant ajouté.

« C’est une décision importante et d’autres pays devraient suivre une voie identique ou voisine à celle de la France », a commenté Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française. « C’est un conflit extrêmement difficile et un groupe d’une dangerosité extrême, pas seulement pour la région menacée, mais pour nous tous », a-t-il fait valoir. Pour rappel, Paris a annoncé la livraison prochaine d’armes (ainsi que des équipements militaires) aux combattants kurdes.

Au départ, un tel accord était loin d’être gagné, plusieurs pays membres de l’UE étant réticents à livrer des armes aux combattants kurdes, comme par exemple la Suède, l’Irlande, l’Autriche, la Finlande ou en encore l’Allemagne.

Ainsi, le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a précisé que son pays n’était pas prêt « à aller au-delà du soutien humanitaire et politique ». « Nous saluons ce que font les Américains, ainsi que les Français, mais nous ne pouvons pas suivre », a-t-il affirmé. Son homologue autrichien, Sebastian Kurz, a insisté sur le « risque de voir les armes livrées tomber entre les mauvaises mains ».

Quant au gouvernement allemand, il semble être prêt à faire évoluer sa position. Son porte-parole, Steffen Seibert, avait rappelé, au début de la semaine, que « la politique d’exportation d’armes (…) est de ne pas fournir d’armes à des zones de crise et de guerre ». Et que ce principe sera respecté. Mais M. Steinmeier a affirmé, à Bruxelles, que « les Européens ne doivent pas se limiter à saluer le combat courageux des forces kurdes. Nous devons aussi faire quelque chose pour répondre à leurs besoins ».

Le même jour, dans un entretien publié par le quotidien Hannoversche Allgemeine Zeitung, la chancelière allemande, Angela Merkel, a déclaré qu' »en ce qui concerne les exportations d’armes, il y a toujours une marge de manoeuvre politique et légale ». Et d’ajouter : « Nous allons, en cas de besoin, l’utiliser ».

Et ce qui compte avant tout, pour Berlin, c’est le degré de la menace, qui lui seul peut influencer la ligne en matière de livraison d’armes. « Les intérêts sécuritaires de l’Allemagne sont un des éléments qui font partie de nos réflexions mais aucune décision n’a encore été prise », a ainsi déclaré Mme Merkel.

Si 71% des Allemands se disent hostiles à l’envoi d’armes aux combattants kurdes (sondage de l’institut Emnid pour la chaîne de télévision N24), quelques responsables politiques y sont favorables, dont Sigmar Gabriel, le ministre de l’Économie et le chef de file des sociaux-démocrates, a souligné le risque de « génocide » dans le nord de l’Irak, où les minorités religieuses sont poussées à l’exode par les jihadistes. Aussi, n’a-t-il pas exclu la livraison d’armes aux Peshmergas, alors qu’il est toujours très pointilleux sur ces questions.

De son côté, Mme Ursula von der Leyen (CDU), le ministre allemand de la Défense, a exclu « pour l’instant » l’envoi d’armes mais a estimé que du matériel militaire, comme des véhicules blindés, pourraient être livrés aux Kurdes.

En attendant, 4 avions de transport Transall C-160 de la Luftwaffe devait livrer, le 15 août, selon la presse d’outre-Rhin, 36 tonnes de ravitaillement et de matériel médical, à Erbil, la capitale du Kurdistan irakien.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]