M. Fabius regrette qu’il n’y ait pas eu de frappes contre le régime de Bachar el-Assad

En septembre dernier, les Etats-Unis et la France étaient à deux doigts de lancer des frappes contre le régime syrien, ce dernier étant alors accusé d’avoir commis une attaque chimique contre des rebelles dans la banlieue de Damas. Côté français, les Rafale de l’Escadron de chasse 1/91 Gascogne n’attendaient plus que l’ordre de décoller. Ordre qui ne vint pas car, in extremis, le président Obama se ravisa sur cette opération en la soumettant à l’approbation du Congrès.

Finalement, un accord conclu entre Moscou et Washington sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien, avalisé par une résolution des Nations unies, écarta, pour un temps du moins, toute opération militaire contre le régime de Bachar el-Assad.

En avril, 80% de cet arsenal chimique avait été retiré et/ou détruit sous l’égide de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui, lors de cette affaire, gagna le prix Nobel de la paix.

Seulement, si le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a admis ce chiffre, il a toutefois affirmé, le 14 mai, que « nous avons beaucoup d’éléments qui nous amènent à penser qu’un certain nombre de ces armes chimiques ont été dissimulées ». Mieux encore, il a accusé le régime syrien d’en avoir fait usage.

« Nous avons des éléments, au moins 14 éléments, qui montrent que dans les semaines récentes, de nouveau des armes chimiques en plus petite quantité ont été utilisées, notamment du chlore », a en effet déclaré le ministre, lors d’une conférence de presse donnée à Washington. « Nous avons des témoins crédibles pour l’usage (d’agents chimiques), avec au moins 14 recours (…) depuis le 25 octobre 2013 », a-t-il insisté. « Nous sommes en train de faire examiner les échantillons qui ont été prélevés », a-t-il encore précisé.

Le mois dernier, M. Fabius avait dit exactement la même chose. Ce que la diplomatie américaine avait semblé confirmé. « Nous avons des indications sur l’utilisation d’une substance chimique industrielle toxique » dans la ville de Kfar Zeita, avait déclaré Jen Paski, la porte-parole du département d’Etat.

Cela étant, le chef du Quai d’Orsay a adressé une pique fort peu diplomatique à l’endroit du président Barack Obama. Evoquant les frappes annulées au dernier moment en septembre, M. Fabius a dit « regretter » que ces dernières n’aient pas eu lieu parce que « ça aurait changé beaucoup de choses, à beaucoup d’égards ». Et d’ajouter : « Mais c’est un fait et nous n’allons pas refaire l’Histoire ».

« A l’époque, il s’agissait de l’utilisation massive des armes chimiques. Et à l’époque un grand dirigeant avait dit c’est la ‘ligne rouge' », a encore insisté M. Fabius, en faisant une claire allusion au président Obama.

Cette sortie du ministre français a été vivement commentée par un haut fonctionnaire américain, cité par l’AFP. « Rien ne prouve qu’une frappe nous aurait permis de supprimer cette quantité d’armes chimiques », a-t-il fait valoir. « Nous continuons donc de croire que c’était la bonne mesure, une mesure efficace qui nous a permis d’empêcher Assad d’utiliser ces armes chimiques pour brutaliser son propre peuple », a-t-il estimé.

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