Les dirigeants de PME du secteur de la Défense inquiets de la future Loi de programmation militaire

Pour Thierry Gaiffe, le président de la commission défense du Comité Richelieu, qui rassemble des entreprises innovantes, la situation commence à devenir préoccupante pour les PME/PMI dont l’activité dépend des commandes de la Direction générale de l’armement (DGA).

Ainsi, et alors que le projet de Loi de programmation militaire (LPM) va être discutée au Parlement, l’heure semble être à la rigueur pour ses entreprises qui fournissent pour la plupart des équipements dits de cohérence, lesquels n’ont pas la visibilité des grands programmes d’armement. Et plusieurs d’entre elles connaissent d’ores et déjà des difficultés, liées à des reports ou à des baisses de commandes.

« Le Comité Richelieu a recensé plusieurs cas de fournisseurs historiques et réguliers du ministère de la Défense qui ont vu leurs commandes se réduire significativement et même stopper », a déclaré Thierry Gaiffe dans un entretien accordé au quotidien Les Echos (09/09). Et même les entreprises ayant décroché des contrats de maintien en condition opérationnelle (MCO) doivent faire face à une « décrue des budgets ». En outre, il est aussi question d’étaler dans le temps les grands programmes d’armement, ce qui ne sera pas neutre pour les sous-traitants et autres équipementiers.

Pourtant, en novembre 2012, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait présenté le Pacte PME, dont les 40 mesures devaient justement permettre de soutenir les PME du secteur de la défense. Mais comme l’a expliqué Thierry Gaiffe dans un entretien accordé au quotidien Les Echos (09/09), leurs « effets (…) se font attendre ». Et de plaider pour mobilisation « urgente » pour une mise en place « concrète » de ce plan ainsi que pour une « concertation qui permettrait d’identifier des indicateurs de suivi est également nécessaire » car « il en va de la survie de l’industrie de défense française. » Ni plus, ni moins.

Le ton est identique chez Christian Mons, le président du Conseil des industries de défense françaises (CIDEF). Selon lui, la sanctuarisation du budget de la Défense, pourtant avancée lors de la présentation du projet de LPM, n’est que de « l’affichage » étant donné que, pendant les 3 premières années, il ne prendra pas en compte l’inflation et que les recettes exceptionnelles (REX) ne sont pas garanties.

Or, a-t-il confié à l’Usine nouvelle, le secteur de l’armement « réalise un chiffre d’affaires de 16,5 milliards d’euros avec un effectif de 165 000 personnes en direct. Nous risquons donc de perdre 20 000 emplois dans l’industrie de haute qualification et non délocalisables. » Et de lancer : « Je rappelle que le format des armées va également être réduit de 25 000 hommes! On ne peut pas s’en satisfaire. Les emplois militaires valent pourtant bien les emplois d’avenir défendus par le gouvernement! »

Cela étant, Christian Mons ne se fait pas trop de souci pour les grandes entreprises du secteur, qui ont les reins assez solides pour traverser cette période. En outre, elles ont de bonnes cartes à jouer, comme reprendre des activités jusque-là confiées à des prestataires extérieurs afin de maintenir leur plan de charge. Aussi, selon lui, ce sont les PME qui pourraient perdre l’essentiel de ces 20.000 emplois.

Quant à l’idée consistant à dire que les exportations devront prendre le relai des commandes passées pour les besoins des forces françaises, elle paraît plus facile à dire qu’à réaliser. Sur les équipements de haut de gamme, il faut faire avec la concurrence, souvent agressive et bénéficiant d’un taux de change favorable, des industriels américains, qui sont dans la même position que leurs homologues français avec la baisse du budget du Pentagone et les mesures liées à la séquestration. Et pour les matériels moins perfectionnés, il faudrait s’aligner sur les tarifs proposéspar les pays émergents (Corée du Sud, Chine, Turquie)… Autant dire que le contexte est plus que compliqué…

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