Le ministre de la Défense précise la notion d’autonomie stratégique

Pour le dictionnaire Larousse, l’autonomie est la capacité à « ne pas être dépendant d’autrui ». En matière militaire, cela pourrait donc se traduire par la conduite d’une opération sans avoir à demander à d’autres des moyens supplémentaires en matière de transport, de ravitaillement en vol ou bien encore de renseignement…

Dans la lettre n°1/2013 de l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM), Frédéric Charillon, son directeur, précise : l’autonomie stratégique « se compose et se composera de plus en plus demain, de deux volets inséparables. Il importe, dans un premier temps, de disposer de l’outil militaire permettant d’agir seul. Il importe, dans un second temps, de disposer de la ‘capacité d’entraînement’ diplomatique permettant de ne pas le rester. »

Selon lui, la France a pu mettre en oeuvre ce « premier volet » au Mali, en déployant « les moyens et la volonté d’agir en pionnier, estimant de sa propre analyse que la situation l’exigeait. » Sauf que Paris a eu besoin du soutien de quelques alliés pour mettre en place le dispositif militaire nécessaire à l’opération Serval, voire même pour sa conduite, notamment en matière de renseignement.

Cela étant, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a livré, lors d’un discours prononcé le 10 septembre, à l’occasion des Universités d’été de la Défense, à Pau, quelques précisions sur cette notion d’autonomie stratégique.

« A la suite du Livre blanc, la Loi de programmation militaire va notamment renforcer notre capacité à prendre l’ascendant sur des forces étatiques, par des moyens de très haute technologie – moyens de renseignement, de ciblage, de frappe à distance ou encore de guerre électronique », a-t-il avancé. « Cette aptitude à faire face « aux menaces de la force » est au coeur de notre autonomie stratégique », a-t-il estimé.

« C’est cette autonomie stratégique qui nous permet de parler d’une voie forte sur le dossier syrien, de dialoguer avec les Etats-Unis dès la conception et la planification de l’action et peut-être d’intervenir demain », a encore plaidé le ministre, en faisant référence à une éventuelle opération militaire contre le régime de Bachar el-Assad.

Techniquement, les Etats-Unis n’ont pas besoin d’un apport militaire français dans le cas où ils décideraient de lancer une intervention en Syrie. D’ailleurs, le Pentagone a établi lui-même ses plans (3 jours de frappes sur une cinquantaine de cibles). Quelle a été la contribution française à cette planification? Mystère. Si Washington a besoin d’une coalition pour une telle opération, c’est avant tout pour des raisons politiques et diplomatiques.

Quoi qu’il en soit, le ministre a souligné que cette autonomie stratégique sera « préservée » et « développée dans la future Loi de programmation. » Et de rappeler que la France fait partie d’une « poignée de pays dans le monde » qui « disposent de capacités de renseignement, de planification, de dissuasion et d’action autonomes. »

Et M. Le Drian de préciser : « Être autonome ne veut pas dire agir seul » car le « principe d’autonomie stratégique ne s’oppose pas à l’action en coalition; c’est au contraire l’une de ses conditions primordiales » étant donné que « l’action en coalition appelle en effet des acteurs responsables, capables d’anticiper, de faire des propositions et de prendre l’initiative lorsque c’est nécessaire. » Pour le ministre, « c’est le sens de la relation stratégique qui existe entre la France et les Etats-Unis. Et c’est le sens de l’autonomie stratégique à laquelle nous attendons tant de prix. »

Est-ce à dire que tous les contributeurs à la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) en Afghanistan ont, ou avaient, toutes les capacités décrites par M. Le Drian? Qui plus est, et c’est la règle généralement admise, c’est le pays qui fournit le plus de troupes qui impose ses vues. L’on peut toujours chercher à avoir une certaine influence en fonction de quelques paramètres, mais, au final, elle ne pourra qu’être limitée.

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