Une commission du Sénat américain fixe les limites d’une intervention militaire contre le régime syrien

Ainsi, le président Obama a sollicité l’approbation du Congrès pour une opération militaire visant à « punir » le régime syrien, accusé d’avoir eu recours à des armes chimiques le 21 août. Pour le chef de la Maison Blanche, il s’agit-là d’un pari risqué étant donné que les parlementaires américains lui mènent la vie dure, notamment sur le plafond de la dette du pays ou bien encore sur sa réforme du système de santé.

Pari certes risqué mais nécessaire, étant donné que la majorité de opinion publique américaine (59% selon un sondage publié par le Washington Post) ne soutient pas une possible intervention militaire en Syrie. Cela étant, le président Obama ne va pas devant le Congrès sans « biscuits ». La preuve est que le « speaker » de la Chambre des représentants, le républicain John Boehner, lui a apporté son soutien. Cela suffira-t-il?

En attendant d’avoir la réponse, la commission des Affaires étrangères du Sénat a élaboré un nouveau projet de résolution autorisant le recours à la force contre le régime syrien. « Elle reflète la volonté et les inquiétudes des démocrates et des républicains », a expliqué son président, Robert Menendez, le but étant de convaincre les élus encore sceptiques.

Ce que certains redoutent, y compris au sein des forces arméricaines, est qu’une telle intervention soit la première marche vers un engagement plus conséquent. Ce que résume un ancien aide de camp du général David Petraeus et ayant été à la tête d’une unité de combat en Irak, le colonel Peter Mansoor, désormais professeur d’histoire militaire à l’université d’Etat de l’Ohio : « Que se passera-t-il si nous frappons et qu’Assad utilise à nouveau des armes chimiques? Serons-nous prêts à frapper encore? Et encore? Ne nous faison aucune illusion. En engageant une opération militaire même limitée contre la Syrie, nous devenons de facto partie au conflit. »

Ce texte prévoit donc de limiter cette intervention militaire à 60 jours, avec une possible prolongation de 30 jours. Et il « n’autorise pas l’utilisation des forces armées américaines sur le sol en Syrie dans le but d’opérations de combat », c’est à dire l’envoi de forces terrestres.

Cette résolution a été rédigée après les auditions par cette commission sénatoriale de John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, de Chuck Hagel, le secrétaire à la Défense et du général Martin Dempsey, le chef d’état-major des forces armées qui n’a récemment pas caché ses réserves face à une possible opération en Syrie.

« Washington doit réagir pour protéger sa sécurité et ses valeurs », a ainsi plaidé John Kerry. Toujours selon lui, « l’inaction des États-Unis enverrait un mauvais message à l’Iran, allié de Damas et ennemi d’Israël, de même qu’à la Corée du Nord. »

Quant à Chuck Hagel, il a qualifié l’attaque chimique prêtée au régime syrien de « menace » contre « la sécurité des Etats-Unis. » Ce qui, selon lui, pourrait servir de justification légale à une opération américaine contre Damas sans l’aval des Nations unies. Pas sur qu’un tel argument paraissent le plus pertinent…

Quoi qu’il en soit, si ce projet de résolution est définitivement adopté par la commission, il sera ensuite transmis au Sénat, lequel devrait l’examiner à partir du 9 septembre prochain, jour où il reprend ses travaux.

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