Obama et Hollande déterminés à agir contre le régime syrien

Les présidents français et américain, François Hollande et Barack Obama, ont appelé, le 30 août, la communauté internationale à envoyer un « message fort » au régime syrien, dont la responsabilité dans l’attaque chimique du 21 août dernier ne fait aucun doute.

Lors d’un entretien téléphonique évoqué dans un communiqué diffusé par l’Elysée, les deux chefs d’Etat ont en effet convenu que « la communauté internationale ne peut tolérer l’usage d’armes chimiques, qu’elle doit en tenir responsable le régime syrien et envoyer un message fort pour en dénoncer l’usage. » Et la présidence française d’ajouter : « Proches alliés et amis, la France et les Etats-Unis poursuivront leur consultation sur la Syrie et sur toutes les autres questions mettant en jeu la sécurité internationale. »

Le même jour, le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, a évoqué une possible intervention militaire contre le régime syrien, à laquelle seraient associés la France, l’Australie et la Ligue arabe. Dans le même temps, il a estimé que cette opération éventuelle serait aussi un « un message envoyé à l’Iran et au Hezbollah », alliés de Damas.

Mais, pour le moment, les conclusions de la mission des Nations unies, qui, chargée d’enquêter sur les lieux de l’attaque, vient de quitter la Syrie, ne sont pas encore connues et il faudra probablement 15 jours pour qu’elles le soient, ce qui correspond au temps nécessaire pour analyser les échantillons prélevés sur place.

Les résultats de ces investigations seront très importants car ils seront considérés comme irréfutables, ont fait valoir des sources à l’ONU. Ce qui n’est pas le cas des « preuves » apportées par des services de renseignement, qui peuvent toujours être accusés de partialité.

Quoi qu’il en soit, c’est bel et bien sur un faisceau d’indices que Washington s’appuie pour accuser le régime syrien d’avoir eu recours à des armes chimiques. Dans un rapport édulcoré de 4 pages diffusé par la Maison Blanche, les services de renseignement américains sont arrivés à une « certitude » de la responsabilité des autorités de Damas en retraçant l’activité de certaines unités spécialisées syriennes et la chronologie des évènements via des prises de vue par satellites, des interceptions électroniques et des sources humaines.

« Les équipes syriennes responsables des armes chimiques, y compris des membres que nous pensons être associés au Centre de recherche et d’études scientifiques syriennes, étaient en train de préparer des munitions chimiques avant l’attaque », est-il expliqué dans le rapport. Le jour du bombardement, « un élément du régime syrien se préparait à une attaque d’armes chimiques dans la région de Damas, notamment en utilisant des masques à gaz », y est-il encore avancé.

Des images satellites montreraient en outre que les forces syriennes ont procédé à des tirs d’artillerie sur plusieurs quartiers de Damas, alors contrôlés par les rebelles, tôt, le 21 août. Selon le renseignement américain, les premiers messages évoquant une attaque chimique commencent à circuler sur Internet 90 minutes plus tard.

Le rapport indique que les analystes ont épluché une centaine de vidéos, « filmées dans 12 lieux différents », « la plupart montrant un grand nombre de corps portant des marques physiques cohérentes avec – mais pas forcément causées par – une exposition à un agent neurotoxique ». Pour le renseignement américain, l’opposition syrienne n’a pas les moyens de falsifier « la totalité » de ces vidéos. »

Enfin, les interceptions électroniques feraient état de communications avec un haut responsable syrien « intimement au courant de l’offensive » et au cours desquelles le recours à des armes chimiques est mentionné.

Quant au nombre de victimes de cette attaque, le renseignement l’estime à 1.429 tués, dont 426 enfants. La semaine passée, Médecins sans frontières avait indiqué avoir constaté le décès de d’environ 355 personnes dans les hôpitaux soutenus par cette organisation tandis que l’Observatoire syrien des droits de l’homme, qui dispose d’un réseau d’informateurs en Syrie, avait annoncé 322 morts.

Comme l’on pouvait s’y attendre, ces éléments avancés par les Etats-Unis ont été qualifiés de « mensonges » par Damas. « Ce que l’administration américaine a qualifié de preuves irréfutables (…) n’est rien de plus que d’anciennes histoires diffusées par les terroristes (ndlr, les rebelles) depuis plus d’une semaine, avec tout ce qu’elles comportent de mensonges, de fabrications et d’histoires montées de toutes pièces », a ainsi déclaré le ministère syrien des Affaires étrangères, par voie de communiqué.

En outre, la diplomatie syrienne a fait part de son étonnement que les Etats-Unis puissent fonder « leurs positions de guerre et de paix sur ce qui est diffusé sur des réseaux sociaux et des sites internet. »

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